La force d'une équipe
Les Titans de Saint-Louis-de-France se sont imposés au Tournoi provincial de Fleurimont. Il s’agissait pour eux d’une troisième conquête en autant d’opportunités cette saison.
L'entraîneur-chef des Titans, Sylvain Cossette, a tenu à souligner l'appui des partisans qui suivent religieusement l'équipe, ce qui est plutôt rare à ce niveau.
À l'image des joueurs de la NFL, les joueurs ont porté le ruban rose sur leur casque, en plus d'utiliser du ruban adhésif de la même couleur, afin d'appuyer la lutte au cancer.
C’est à travers le hockey que Maxime Cossette et son père, Sylvain, ont trouvé réconfort.

Par Nicolas Ducharme
Le hockey junior A retient rarement l’attention des médias. Pourtant, une équipe de Saint-Louis-de-France, les Titans, connaît une saison de rêve. Le 10 février dernier, ils ont soulevé le trophée de vainqueur du tournoi provincial de Fleurimont, et remporté une troisième bannière en autant d’opportunités. Sur la photo d’équipe, un visage était toutefois absent, celui de l’entraîneur Sylvain Cossette.
Le pilote de l’équipe était au chevet de son épouse, Marie-France. Depuis maintenant huit ans, cette femme poursuit son combat contre un adversaire qui multiplie les coups bas : le cancer du sein. Avant le début du tournoi, elle a été victime d’une rechute, la forçant au repos. La famille était abattue. Comme tout bon mari, Sylvain est resté à ses côtés, délaissant l’équipe qu’il dirige depuis sept ans et dont fait partie un de ses fils, Maxime.
Le travail d’un entraîneur est simple : pousser son équipe à la victoire. Toutefois, depuis que le verdict de rechute est tombé sur la famille Cossette, c’est plutôt les protégés de Sylvain qui font ce travail.
« Le hockey a été un bon soutien. Tous les joueurs m’aident beaucoup, ainsi que les parents. Nous sommes de calibre junior, et pourtant, les parents suivent. Les jeunes sont heureux et ont embarqué leur famille. On a réussi à faire quelque chose de solide », note Sylvain.
À une époque où l’on reproche aux jeunes d’être individualistes, les Titans ont prouvé que rien ne pouvait être moins vrai. Au lendemain de l’annonce de la nouvelle, les joueurs ont fait parvenir des fleurs à la résidence de la famille avec un petit mot disant qu’ils gagneraient le tournoi pour Marie-France. Une promesse qu’ils ont respectée. Ils sont venus à bout des Gargouilles d’East Broughton par la marque de 4-3 dans un match des plus émotifs.
Depuis, le sourire est de retour dans la maisonnée grâce à la victoire des Titans. Ce n’est pas un gigantesque sourire, mais à tout le moins, une lueur d’espoir.
Des adultes
Il faut dire que pour plusieurs joueurs, leur entraîneur a apporté un regard nouveau sur leur passion. L’atteinte du calibre junior A signifie la fin de la carrière de hockeyeur après un parcours de près d’une vingtaine d’année. C’est à ce moment que la bière après le match devient plus importante que le match en tant que tel. Pourtant, Sylvain continue à mettre l’emphase sur la discipline personnelle. Il maintient qu’il fait affaire à des adultes, pas à des enfants.
L’esprit d’équipe au sein des Titans est fort. Ce n’est pas la première fois que le cancer s’attaque à un membre de la grande équipe. Il y a deux ans, la maladie a emporté Linda Dugré, la mère d’un des joueurs, Guillaume. Aux funérailles, six hockeyeurs des Titans ont porté le cercueil. Encore une fois, la famille Cossette a tenu à jouer un rôle.
« J’ai dû le brasser dans les pratiques. C’était sa dernière année et je lui ai dit que sa mère n’aurait pas été fière, parce qu’il adore le hockey. Marie-France a beaucoup parlé avec lui et ils sont restés proche. Il appelle encore à la maison pour prendre des nouvelles », laisse savoir le parternel.
Une deuxième mère
Au fil des années, Marie-France, dans son rôle de nounou, a marqué plusieurs joueurs par sa présence. Marie-France, c’est celle qui invite les gars l’été pour le party annuel. C’est celle qui concocte une sauce à spaghetti dont tous les joueurs parlent après l’avoir dégustée. C’est celle que certains considèrent comme une deuxième mère.
L’été dernier, à la suite de sa conquête de la Coupe Memorial avec les Cataractes de Shawinigan, Pierre-Olivier Morin s’est assuré de faire un arrêt à la résidence de la famille pour montrer le trophée à Marie-France, qui n’avait pas l’énergie pour se déplacer à la réception prévue. Pourtant, Sylvain avait dirigé Morin alors qu’il était dans la catégorie novice, 12 ans plus tôt.
Le combat de Marie-France n’est pas terminé. Elle retroussera encore ses manches lors d’épuisantes séances de chimiothérapie dans les prochains mois. De leur côté, les Titans amorceront leurs séries éliminatoires au début du mois de mars. Une dernière montagne à escalader. Par un heureux hasard, l’événement aura lieu à Saint-Louis-de-France. Marie-France fera tout pour y être.
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