Selon un sondage
Le gouvernement du Québec n'en fait pas assez pour les adolescents

Par La Presse Canadienne
Environ la moitié des Québécois estiment que le gouvernement de la province n'en fait pas assez pour les adolescents, selon un récent sondage Léger commandé par le Regroupement des maisons des jeunes du Québec (RMJQ). À un an des élections provinciales, le RMJQ demande aux partis politiques de s'engager concernant les enjeux qui touchent ces jeunes.
Le Regroupement partage les données de ce sondage alors que s'amorce la 28ᵉ Semaine des maisons des jeunes, qui s'échelonnera jusqu'au 19 octobre. Le sondage Léger a été réalisé en septembre dernier auprès de 1006 Québécois âgés de plus de 18 ans.
« Ce n’est pas d'hier qu'on a le sentiment que les ados sont rarement la priorité dans les plateformes électorales ou même au sein des gouvernements », a affirmé Nicholas Legault, directeur général du RMJQ. Il estime que le gouvernement se limite souvent au système scolaire, sans s'engager à long terme dans des projets pour les adolescents.
Entre 46 % et 56 % des répondants au sondage estimaient que le gouvernement n'en fait pas assez pour ces jeunes, selon différentes catégories d'actions. Plus précisément, 56 % des personnes interrogées estiment que Québec doit agir davantage dans la prévention de l'intimidation et l'aide aux ados à bâtir des relations interpersonnelles, 54 % dans le soutien à la réussite éducative, et 53 % dans le bien-être physique et mental des ados.
« Moi, ça fait plus de 20 ans que je suis dans le milieu, je suis accompagné par des gens qui ont 30, 40, 50 ans d'expérience dans le communautaire, et jamais on n'a vu réellement un engagement auprès des jeunes adolescents significatif », a fait valoir M. Legault.
Il a dit que les enjeux évoqués dans le sondage sont perçus dans les maisons des jeunes, précisant que les intervenants sont préoccupés concernant les questions de l'intimidation, de la diversité et de l'inclusion, notamment alors que des discours masculinistes ont pris de la place dans l'espace public.
La réussite éducative est un autre élément sur lequel travaillent les maisons des jeunes. « On le voit, il manque de professionnels dans les écoles. En maison des jeunes, ça fait longtemps qu'on fait plusieurs activités pour les accompagner vers la persévérance scolaire et aussi la réussite éducative. Il y a de l'aide aux devoirs qui se fait dans certaines maisons des jeunes, il y a d'autres programmes aussi avec les écoles », a expliqué le directeur général du RMJQ.
M. Legault croit que le maintien d'une bonne santé mentale chez les jeunes est aussi essentiel, alors qu'il dit percevoir que les jeunes sont préoccupés par le futur.
« On voit présentement beaucoup de préoccupations de la part des jeunes quant à la question de l'écoanxiété, l'avenir. Et c'est très présent, les jeunes ont de plus en plus, dans ce qu'on me relate dans mes équipes de travail, une vision de leur avenir pessimiste. »
La marge d'erreur d'un échantillon probabiliste de 1006 répondants est de plus ou moins 3,1 %, et ce, 19 fois sur 20.
Changer la perception sur les ados
Même si environ la moitié de la population estime que le gouvernement n'en fait pas suffisamment pour les adolescents, seuls 30 % des Québécois disent prendre en compte les engagements des candidats envers les adolescents au moment de voter. Cette proportion augmente toutefois à 38 % chez les parents d'enfants mineurs et à 41 % chez les 18-34 ans.
M. Legault croit que la perception des gens des adolescents est plutôt négative, alors que l'on rapporte souvent des crimes commis par ces jeunes ou des situations où ils dérangent.
« Même la vision de la population quant aux ados est un combat perpétuel. On est de ceux qui essayent de travailler dans le sens que les ados, c'est loin d'être juste ça. Nous, on travaille avec eux au quotidien depuis plus de 50 ans dans les maisons des jeunes », et plusieurs réalisent des bons coups, a-t-il fait valoir.
Le manque d'engagement du gouvernement envers les adolescents se traduit aussi par le sous-financement des maisons des jeunes, a indiqué M. Legault. Il a dit que le taux de roulement est important dans ces organismes, ce qui a un impact sur les services.
« Sachant qu'en maison des jeunes, c'est principalement le lien significatif qui est au cœur de notre mission, c’est-à-dire le lien qu'on a entre nos professionnels et les adolescents, quand on est aux prises avec des gens qui quittent et d'autres qui arrivent, ce lien-là il est brisé chaque fois et ça a de l'impact direct sur nos liens avec les jeunes », a-t-il expliqué.
Le sous-financement entraîne aussi le fait que les maisons des jeunes comptent peu d'employés à temps plein.
M. Legault rapporte que le RMQJ estime qu'il est essentiel que les partis proposent des engagements envers les adolescents au cours de la prochaine campagne électorale provinciale, puisqu'ils sont des citoyens adultes en devenir.
« Dès qu'on parle de l'accompagnement de nos jeunes, qui sont quand même l'avenir de demain, on ne voit pas de réelle priorisation des jeunes, donc on sent que le gouvernement fait le choix de ne pas choisir les ados », a-t-il conclu.