Tolérance zéro pour les conducteurs de 21 ans et moins

Par Fannie Brouillette et Nicolas Ducharme
La police compte appliquer à la lettre la nouvelle réglementation de tolérance zéro alcool chez les conducteurs de 21 ans et moins, qui entrera en vigueur le 15 avril. Aucune mesure particulière ne sera toutefois mise en place pour intercepter les contrevenants.
« Quand on procèdera à l'interception d'un véhicule, si on soupçonne qu'un conducteur de 21 ans ou moins a consommé de l'alcool, on procédera à la vérification nécessaire. Il n'y aura pas vraiment de changement dans les procédures », explique le sergent Louis-Philippe Ruel, de la Sûreté du Québec.
La règle de tolérance zéro en matière d'alcool s'applique déjà aux détenteurs de permis d'apprentis conducteurs et de permis probatoire. La loi sera étendue à tous les conducteurs de 21 ans et moins.
« Nous allons appliquer les mêmes mesures qui étaient déjà en place avec les permis probatoires. Si nous procédons à une interception et que nous soupçonnons que le conducteur a consommé de l'alcool, nous allons procéder aux vérifications d'usage. Il n'y aura pas de surveillance extraordinaire pour les 21 ans et moins», mentionne pour sa part l'agent François Boudreault de la Sécurité publique de Trois-Rivières.
Des sanctions sévères
Les jeunes qui se font intercepter au volant après avoir consommé de l'alcool, sans toutefois dépasser la limite légale de 80 mg d'alcool par 100 ml de sang verront leur permis suspendu sur-le-champ pour 90 jours. Ensuite, s'ils sont trouvés coupables, quatre points d'inaptitude seront inscrits dans leur dossier de conduite et ils devront payer une amende de 300 $ à 600 $, en plus des frais.
Si leur alcoolémie dépasse 80 mg d'alcool par 100 ml de sang, ils pourront être poursuivis en vertu du Code criminel.
Les bars seront affectés
La nouvelle mesure interdisant aux conducteurs de 21 ans et moins de consommer de l'alcool pourrait toucher les bars de la région. En effet, dès le 15 avril, les jeunes conducteurs seront soumis à la règle Tolérance zéro, sans quoi ils s'exposent à d'importantes sanctions.
Plusieurs tenanciers de bars craignent de voir une partie de leur clientèle s'envoler à la suite de la mise en application de la nouvelle loi.
Au Manchester pool pub, le gérant de l'endroit, Marc-Antoine Lamothe, croit qu'une telle mesure n'est pas forcément nécessaire puisqu'il a constaté un changement de mentalité chez sa clientèle dans les dernières années.
« Les jeunes sont beaucoup plus conscientisés au principe du conducteur désigné. C'est sûr qu'une telle mesure va toucher nos ventes. Je pense que c'est un bien pour un mal. »
Environ 80 % de la clientèle de l'endroit est âgée de moins de 21 ans, notamment parce que le bar est situé à proximité du Cégep et de l'UQTR. M. Lamothe croit d'ailleurs qu'il pourrait être épargné grâce à son positionnement géographique.
« Une bonne partie de notre clientèle est à pied. Pour les autres, nous sommes abonnés au service de raccompagnement Tolérance zéro, ce que plusieurs apprécient beaucoup. »
Le son de cloche est similaire du côté du Club D'Artagnan's. Le propriétaire, Tommy Boisvert, est convaincu que cette mesure n'était pas nécessaire.
« Les jeunes avaient déjà compris le message. Je n'en vois pas beaucoup qui boivent et conduisent. Ils sont toujours en groupe et l'un d'eux a la tâche de conduire », observe celui qui est propriétaire de l'endroit depuis 16 ans.
Ce dernier se demande si la mesure ne vise pas à nuire aux établissements détenteurs d'un permis de vente d'alcool.
« Je pense qu'ils veulent affecter les bars. Ils ont commencé par enlever les machines vidéopoker, ensuite ils ont interdit de fumer, et maintenant c'est cette loi. Mais j'imagine que c'est une question de sécurité. »
Si les tenanciers de bars semblent déçus de la décision du gouvernement, ils ne sont pas seuls. Même la Fédération étudiante collégiale du Québec s'est prononcée contre cette politique de tolérance zéro, alléguant que la mesure est discriminatoire.
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