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Sandoz : les vêts sur le respirateur

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4 avril 2012
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Par Audrey Ruel-Manseau

Les vétérinaires font face à la plus grosse pénurie de médicaments jamais vécue en médecine vétérinaire; une répercussion directe de la diminution de production à la pharmaceutique Sandoz Canada de Boucherville.

« C'est du jamais vu une pénurie de cette ampleur », a indiqué le président de l'Ordre des médecins vétérinaires du Québec (OMVQ), le Dr Joël Bergeron.

« La morphine et l'hydromorphone, à titre d'exemple, sont des produits couramment utilisés dans notre pratique [.] et évidemment, les animaux passent après les humains », a-t-il souligné en référence à l'ordre de priorité établi par Santé Canada concernant les doses restantes.

Le fabricant de produits pharmaceutiques « Sandoz Canada » a commencé à réduire sa production de génériques injectables en novembre. Puis, un incendie a interrompu la production au début du mois de mars. Une situation qui a donné lieu à la pénurie de médicaments sans précédent qui sévit actuellement au Québec.

La médecine vétérinaire ressemblant en tout point à la médecine humaine, les mêmes médicaments sont souvent utilisés, comme les anesthésiques ou les analgésiques.

« La plupart des médicaments en pénurie du côté de la médecine humaine sont aussi en pénurie du côté de la médecine vétérinaire », a précisé le Dr Bergeron.

Des réserves épuisables

La majorité des cliniques vétérinaires avaient des réserves, qui bientôt seront à sec. Elles doivent se préparer à une pénurie qui pourrait, selon Sandoz Canada, perdurer jusqu'au début de l'année 2013.

« Moi il m'en reste en "stock", mais ça va dépendre de ce que j'aurai à faire comme chirurgie dans les prochains mois », a expliqué la Dre Katia St-Onge, de la Clinique vétérinaire Saint-Grégoire, à Bécancour.

« Il existe des alternatives aux protocoles courants et on informe nos membres à mesure que nous avons de nouvelles informations à ce sujet », a ajouté le président de l'Ordre.

Pratique chamboulée

La Dre St-Onge porte une attention particulière aux recommandations de l'OMVQ, mais a avoué que modifier ses habitudes d'intervention n'est pas simple.

« Quand on est habitué de travailler avec des protocoles qui fonctionnent, on connaît les effets des médicaments sur nos patients et on sait ce qui est normal et ce qui ne l'est pas; on peut donc réagir vite, a-t-elle expliqué. Quand on sort de nos pantoufles confortables, c'est sûr que c'est plus stressant. »

En utilisant des nouvelles drogues, la vétérinaire prévoit intensifier le monitorage, c'est-à-dire surveiller de près le réveil et les réactions de ses patients canins ou félins après les chirurgies.

Par ailleurs, l'OMVQ estime avoir le contrôle de la situation. « Dans nos démarches, on prévoit des solutions jusqu'à la fin 2012, a affirmé Joël Bergeron. On prévoit des actions pour qu'il n'y ait pas de bris de service. »

La facture du client s'ajustera

Cet ajustement forcé de la pratique vétérinaire ne se fait pas sans conséquence. Si la pénurie dure plusieurs mois, la facture de l'usager pourrait augmenter.

L'ordre des médecins vétérinaires du Québec fait des démarches conjointes avec l'Association canadienne de médecine vétérinaire auprès de Santé Canada pour accélérer l'homologation de produits américains ou européens qui pourraient facilement substituer ceux en pénurie.

« Si l'Ordre compte assouplir ses règlements pour les utiliser, c'est bien, mais encore faut-il avoir les produits pour renverser les effets indésirables [les antagonistes sont aussi en pénurie] », a fait savoir la Dre St-Onge de la Clinique vétérinaire Saint-Grégoire.

De plus, les conséquences monétaires sont à prévoir.

« C'est certain que si on pense à une homologation importante selon de nouvelles molécules ou des produits d'importance, on pourrait présumer que les coûts vont varier, mais on ne le sait pas encore », a expliqué le président de l'OMVQ, le Dr Joël Bergeron.

Si tel est le cas, qu'à dose égale la drogue suppléante coûte le double ou le triple, qui paiera la différence? « On aura des échanges à avoir entre membres, mais on pourrait imaginer que oui, la population aura un effort à faire », a admis le Dr Bergeron.

La propriétaire de la Clinique vétérinaire Saint-Grégoire a ajouté que le coût du médicament n'est pas le seul facteur à entrer en compte.

« Des fois, les dates de péremption sont plus courtes, a-t-elle dit. Donc même s'il n'est pas nécessairement plus cher, on le garde moins longtemps et donc on peut avoir des pertes et ça fini par être plus coûteux. »

La vétérinaire n'en est pas là, et espère pouvoir passer la crise sans en faire subir les contrecoups à sa clientèle.

SPA affecté

La SPA Mauricie n'échappe pas à la situation. Pour l'instant, pas question de vendre les animaux plus cher, et encore moins d'en euthanasier davantage.

« Ce serait vraiment l'ultime option! Présentement, je pense qu'avec les alternatives qu'on explore, on va être en mesure de faire un bon bout de chemin », a expliqué le directeur général Serge Marquis.

Si la situation n'est pas alarmante, le directeur n'a pas caché qu'il ne faudrait pas qu'elle s'éternise.

« À long terme, oui, ça pourrait avoir des conséquences », a-t-il expliqué.

La SPA s'est donné le mandat de stériliser la totalité de ses pensionnaires. La présence constante d'un vétérinaire permet d'atteindre cet objectif, en plus d'avoir quelqu'un qui a directement accès aux mises à jour de l'OMVQ concernant la pénurie.

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