Hausse de l'itinérance en Mauricie: des cas de plus en plus complexes

Par Marie-Pier Cloutier | TVA Nouvelles
Les intervenants du milieu sont unanimes à l'effet que le nombre d'itinérants à considérablement augmenté en Mauricie.
Cependant, il semble aussi que les cas sont de plus en plus complexes.
«Il y a une augmentation exponentielle et les gens sont plus désaffiliés», commente Philippe Malchelose, de l'organisme Point de rue à Trois-Rivières.
Comment expliquer ce phénomène à la hausse? Certains intervenants y voient un lien de cause à effet avec la désinstitutionalisation.
«C'est sûr que c'est facile de mettre la faute sur les hôpitaux, mais ils sont aussi otages de la situation. Par contre, c'est clair que lorsqu'on a sorti ces gens des institutions, on a oublié de faire suivre les services», a ajouté M. Malchelose. Il a toutefois précisé que des services étaient disponibles dans la région, mais que les intervenants n'ont pas tous les outils nécessaires pour gérer ce genre de situation complexe.
Des chiffres éloquents
Dans certains organismes, les interventions auprès de la clientèle aux prises avec des problèmes mentaux ont augmenté de 100 000% ces dix dernières années. À l'organisme Point de rue, les demandes générales d'intervention sont passées de 1578 en 2000 à 13054 en 2011, un bond de plus de 700%.
L'augmentation est aussi perceptible dans les centres d'hébergement. Au centre Le Havre à Trois-Rivières, on accueillait 445 personnes dans les années 2000 alors qu'en 2011, 1155 ont fait appel à l'organisme.
«Les gens que l'on retrouve sur le terrain ce ne sont pas les gens qui sont sortis des institutions. On retrouve surtout des jeunes, mais je pense qu'on peut se dire qu'on a simplement pas voulu investir dans les ressources», explique Michel Simard, du centre Le Havre.
Pour la première fois cette année, l'organisme a même été obligé d'installer des tentes à extérieurs.
Y a-t-il une solution? Les intervenants du milieu conviennent qu'elle ne passe pas seulement par un organisme, mais plutôt par la mobilisation de tout le milieu.
La région est d'ailleurs pionnière en la matière avec l'implantation ces dernières années de deux projets pilotes: « On parle beaucoup de multifacteurs de l'itinérance, mais les solutions sont aussi multisectorielles », raconte Dany Jolicoeur de l'Agence de la santé.
Deux projets pilotes ont d'ailleurs été mis en place dans la région ces dernières années, dont l'équipe itinérance, qui est composée d'intervenants de tous les milieux. «On se penche aussi sur la question des interventions policières avec la Sécurité publique », explique la conseillère en santé mentale volet itinérance. Elle ajoute que les événements qui sont survenus à Montréal ont été marquants pour tout le monde.
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