Des étudiants pour la hausse, c'est possible?

Par Nicolas Ducharme
La hausse des frais de scolarité universitaires annoncée par le gouvernement Charest déclenche les débats à l'Université du Québec à Trois-Rivières. Alors qu'on pourrait penser que tous les étudiants font front commun contre la hausse, plusieurs n'hésitent pas à se prononcer en faveur.
Réunis autour d'une table du café la Chasse-galerie, cinq étudiants de comptabilité ont une discussion passionnée sur le sujet. Certains d'entre eux ont rejoint le Mouvement des étudiants socialement responsables du Québec, qui milite en faveur de la hausse des frais de scolarité.
« C'est un groupe qui fonctionne sans structure et sans conseil d'administration. Nous ne payons pas de cotisation. C'est un mouvement qui s'est créé sur Internet et qui a pris de l'ampleur très rapidement », explique Gabriel Armstrong.
« Il n'y avait aucun autre endroit comme ça où nous pouvions nous exprimer », ajoute Manuel Vaillancourt.
Assis au bout de la table, Philippe Caron estime qu'il était primordial que les troupes en faveur de la hausse se trouvent une voix commune.
« Dans toutes les tribunes, les médias, et même dans notre association étudiante, la voix la plus forte est celle qui est contre la hausse des frais. Nous, la hausse des frais, nous sommes prêts à la laisser passer. »
Les cinq étudiants semblent d'ailleurs avoir plusieurs reproches à faire à l'exécutif de leur propre association étudiante, qui, selon eux, est en faveur de la grève et contre la hausse.
La position de l'AGE UQTR, votée en assemblée générale en 2010, est effectivement d'être contre toute hausse des frais de scolarité. Ses dirigeants maintiennent toutefois être neutres dans le débat de la grève.
« Ils font pencher l'opinion publique en raison d'une décision qui a été prise dans le passé », martèle Anabelle Ducharme en faisant référence au vote de grève.
« C'est le troisième vote de grève en trois sessions. Ils vont continuer tant qu'ils n'auront pas eu ce qu'ils veulent », rajoute Philippe Caron.
Contre la grève, mais contre la hausse ?
Bien évidemment, les cinq étudiants s'opposent à la grève générale illimitée qui semble se dessiner à l'UQTR. Marc-André Doré reproche l'attitude qu'ont adoptée plusieurs membres du mouvement des grévistes.
« Si tu votes contre la grève, tu es automatiquement pour la hausse, alors que ce n'est absolument pas vrai. »
D'ailleurs, les cinq étudiants reprochent les campagnes de désinformation qui se font dans les deux camps depuis le lancement des hostilités.
« C'est un débat qui a été extrêmement polarisé. Nous sommes vus comme des enfants gâtés qui ne pensent qu'à nous parce que nous sommes pour la hausse. À l'inverse, un étudiant contre est dépeint comme un gauchiste », souligne Manuel Vaillancourt.
Gabriel Armstrong avoue que ce n'est pas de gaieté de cœur qu'il se prononce en faveur de la hausse, mais par réalisme.
« Les gens contre la hausse ont raison. Il faudrait que les études soient gratuites et la santé aussi. Ce serait un monde merveilleux. Mais ce n'est pas réaliste. Il faut arrêter de handicaper les générations futures avec la dette. L'éducation doit être vue comme un investissement qui va rapporter plus tard. »
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