Bourque fier de lui malgré tout

Par Joany Dufresne
S’il n’y avait qu’un mot pour décrire l’expérience d’Yves Bourque aux Jeux paralympiques, ce serait extraordinaire. Bien que l’athlète de 48 ans n’ait pas atteint ses objectifs, il garde d’excellents souvenirs de son passage à Sotchi.
Que ce soit sur l’encadrement des athlètes, la nourriture ou l’hébergement, Yves Bourque n’avait que de bons mots pour l’organisation des Jeux paralympiques à son retour de Sotchi, la semaine dernière.
«C’était extraordinaire. Franchement, j’ai vécu une très belle expérience, a-t-il dit. Les infrastructures étaient incroyables. Tout était beau et neuf. Tu voyais que les Russes avaient mis le paquet. Le 50 milliards d’investissements, tu y crois quand tu es là-bas.»
Outre les installations et les lumières multicolores qui éclairaient Sotchi le soir venu, ce qui a le plus impressionné le Bécancourois, ce sont les estrades toujours bondées. Même lors des jours de pluie, les spectateurs étaient nombreux à assister aux diverses compétitions. Bourque se souvient particulièrement des cérémonies d’ouverture et de fermeture. «Le stade était plein jusqu’au plafond», a-t-il soutenu. Bien que la plupart des spectateurs étaient partisans de l’équipe russe, ils étaient nombreux à acclamer les athlètes canadiens lors de leurs performances. «Il suffisait d’envoyer la main vers les estrades pour que les gens crient pour nous. Les Russes aiment le Canada», se rappelle le fondeur.
Aucun impact ressenti
Malgré la proximité entre la Russie et l’Ukraine, les tensions politiques vécues en Crimée n’ont eu aucun impact sur les athlètes et le déroulement des Jeux paralympiques. Bourque a mentionné avoir eu vent de la situation qu’en raison d’appels avec des journalistes canadiens. Autrement, les perturbations se sont résumées à un plus petit nombre d’athlètes ukrainiens présents lors des cérémonies d’ouverture et de fermeture.
Trois courses, trois réalités
La seule préoccupation d’Yves Bourque au cours de son séjour en Russie a été la condition de la piste.
«En 17 jours, il n’y a pas une journée qui a été pareille. Les parcours de ski étaient bien entretenus, mais on a fait face à toutes sortes de températures qui modifiaient la condition de la piste. Il fallait s’adapter», a rapporté l’athlète natif de Nicolet.
Lors de sa première compétition au 15 km, la piste était glacée. Impossible pour le fondeur de prendre des risques sans craindre de se blesser. Et comme il s’agissait de sa première épreuve, il préférait être prudent.
«Il y avait du sang dans les courbes, ce qui signifiait qu’il y avait eu des chutes. Avoir pris plus de chances, j’aurais peut-être eu de meilleurs temps, mais c’était risqué», a-t-il confié.
Bourque a terminé au 20e rang, soit sa meilleure position à Sotchi. À l’occasion du sprint 1 km et du 10 km, il a fini 24e. Ses résultats étaient loin de ceux espérés. Le Québécois visait un top 15, mais il s’est rapidement aperçu qu’il y avait une grosse différence entre les coupes du monde et les Jeux paralympiques.
«Il y avait beaucoup de stratégie au niveau des coureurs. Les délégations ciblaient les courses spécifiques pour être en mesure de monter sur le podium. Je me suis donc retrouvé avec les meilleurs des meilleurs. À cause de cela, mon objectif du 15e rang a été rétrogradé d’au moins cinq places», a expliqué Bourque.
Les courses étaient aussi beaucoup techniques que ce à quoi l’athlète était habitué. Pour lui, il n’y a aucun problème à monter et descendre des pentes. Mais lorsqu’il s’agit de prendre des courbes à 180 degrés, le fondeur éprouve plus de difficulté.
«Même si je n’ai pas atteint mes objectifs, je suis content de mes performances et de mon expérience. J’aurais aimé faire mieux, mais je ne suis pas amer de mes jeux pour autant. Je fais partie des meilleurs au monde. Il faut en être fier», a avoué Bourque.
Vers 2018?
Yves Bourque vient de revenir au Québec que déjà, il a les Jeux de 2018 en tête. Mais avant de s’engager dans un autre blitz d’entraînement, l’homme de 48 ans souhaite prendre un peu de recul.
Il participera l’année prochaine aux Championnats du monde de ski paranordique, l’étape ultime entre les coupes du monde et les Jeux paralympiques. C’est à la suite de cette prestigieuse compétition que Bourque décidera s’il s’embarque pour trois autres années d’entraînement en vue des jeux de Pyeongchang. Il sera alors âgé de 52 ans, mais il croit que cela serait possible.