Mission accomplie pour Yves Bourque

Par Nicolas Ducharme
De retour des championnats canadiens de ski de fond, où il a décroché quatre médailles en autant d’épreuves, Yves Bourque prépare déjà sa prochaine saison en vue d’une participation aux Jeux paralympiques de Sotchi.
«Malgré mes petites blessures à l’épaule, j’ai su bien me tirer d’affaires. C’était une bonne compétition où se retrouvaient des athlètes parmi les 10 meilleurs au monde. J’en ai eu assez pour m’amuser.»
Le skieur, qui est né sans jambes, était bien satisfait de ses performances, particulièrement de sa médaille d’or au 10 km. Il avouait même en être surpris, lui qui, à 47 ans, faisait face à des compétiteurs bien plus jeunes.
«Je suis encore capable de faire de bonnes performances malgré mon âge, rigole-t-il. C’était ma dernière course de l’événement et ç’a été ma meilleure. Mon adversaire, qui faisait partie de l’équipe nationale, m’avait battu au 5 km et peut-être que je l’avais sous-estimé. J’ai pu prendre ma revanche.»
Appui de la population
Afin de prendre part aux Jeux paralympiques de Sotchi, Bourque prévoit se mettre au travail dès le mois de mai en vue des qualifications qui auront lieu à Canmore, en Alberta, au mois de décembre. Il aimerait bien s’envoler vers cette région en octobre, afin de participer à un camp d’entraînement.
Or, les ressources financières pour prendre part à un tel événement se font rares, puisqu’il n’est pas en mesure de défrayer tous les coûts grâce à son emploi dans un centre de réadaptation.
« Mon handicap, ce n’est pas mes jambes, c’est que je travaille à temps plein. Sinon, ce ne serait pas la même histoire parce que je pourrais m’entraîner bien plus souvent. À mon âge, ce serait fou de quitter mon emploi. On ne vit pas du ski paranordique puisque nous n’avons pas beaucoup de visibilité », explique le principal intéressé.
Ainsi, un fonds a été créé le 6 mars dernier afin de lui venir en aide. On espérait amasser un total de 10 000 $, la somme requise afin de participer aux Jeux paralympiques. L’appel a été entendu, puisque la population a donné 13 809 $ à ce jour.
« Ça fait chaud au cœur et c’est impressionnant. Ça fait des années que je m’entraîne, alors les gens sont habitués de me voir. Ça va me faire un stress de moins et je vais pouvoir concentrer mes énergies sur autre chose que la finance », souligne le sympathique athlète.
Victime d’une injustice ?
Afin de prendre part aux Jeux de Sotchi, Bourque devra être sélectionné parmi les 10 représentants du Canada. En ski paranordique, les athlètes sont classés selon leur temps, mais peuvent voir ce chrono être ajusté selon la nature de leur handicap. Le Bécancourois ne profite toutefois pas de cet avantage, chose qu’il ne comprend pas.
«Je suis le premier au monde qui fait ce sport avec ce handicap. Les autres ont été amputés ou ont eu la colonne vertébrale brisée. On me donne 100 % de mon temps, mais je ne suis pas d’accord. Puisque je n’ai pas de fémur, je n’ai pas le même équilibre que d’autres. Je suis donc désavantagé», indique-t-il.
Son cas pourrait être revu dans les prochains mois, puisque des voix parmi les responsables de la classification des athlètes se sont montrées d’accord à ce que Bourque profite d’une amélioration de ses temps.
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