La Coalition pour la sauvegarde du patrimoine naturel québécois réclame un meilleur financement du MFFP

Par Salle des nouvelles
Face aux coupures qui ont sévit au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), des étudiants de divers programmes collégiaux et universitaires, appuyés par 7 500 citoyens, s’associent au syndicat des agents de protection de la faune, à des biologistes ainsi qu’à des techniciens de la faune pour réclamer un investissement adéquat en matière de gestion de la faune au Québec.
La Coalition pour la sauvegarde du patrimoine naturel québécois appelle la population à joindre sa voix à ce cri du cœur pour l’environnement et l’économie du Québec.
La mission du ministère est claire : protéger et mettre en valeur le patrimoine naturel des Québécois. Or, selon la Coalition, c’est précisément l’inverse qui se produit lorsqu’on constate les coupures de postes observées depuis plusieurs années au sein du MFFP. Les professionnels qui sont encore en poste doivent remplir leur mandat avec « des moyens réduits », soit d’assurer le suivi et la gestion des populations animales sauvages, de contrôler le braconnage et de protéger les habitats. « Ainsi, au lieu d’accroître nos connaissances, on assiste à une perte d’expertise. On observe une recrudescence de la tique à pattes noires, le vecteur de la maladie de Lyme, qui menace la santé humaine, le déclin des populations de saumon atlantique et du caribou forestier, l’introduction et la dispersion d’espèces exotiques envahissantes. Tous ces bouleversements surviennent à un moment où l’action concertée de professionnels du milieu et d’experts scientifiques est primordiale », affirme Alex, étudiant à la Technique de bioécologie du Cégep de La Pocatière.
Les dommages de ces coupures sont bien réels et les citoyens du Québec sont les premiers concernés par la dégradation de leur patrimoine naturel. Paul Legault, président du Syndicat des agents de protection, en dresse le portrait : « Les réseaux organisés de braconnage sont toujours très actifs, les espèces menacées ou vulnérables à protéger sont en hausse, le gouvernement a créé des territoires protégés comme les réserves écologiques sans y ajouter d’effectifs et il recrute et forme moins d’agents de protection de la faune qu’il n’en faut pour remplacer ceux qui quittent pour la retraite ou par démission. »
« C’est extrêmement décourageant pour la relève de voir que, malgré la promesse du gouvernement de réinvestir dans la faune au printemps dernier, le nombre de techniciens, de biologistes et d’agents de protection de la faune stagne, voire diminue. Devant les défis environnementaux qui nous attendent, nous avons plus que jamais besoin de nos experts sur le terrain pour évaluer les conséquences », se désole Valérie, finissante au programme de Techniques de bioécologie du cégep de La Pocatière.
Pour justifier ces restrictions budgétaires, les différents gouvernements qui se sont succédés plaident la nécessité de soulager le portefeuille de l’État. Pourtant, la protection et la mise en valeur du patrimoine naturel génèrent des milliers d’emplois et des milliards de dollars en retombées économiques. La chasse, la pêche en sont des exemples, mais aussi l’observation en nature, la villégiature et le plein air, qui sont des activités en expansion. Sans compter que la majeure partie des retombées se fait sentir hors des grands centres, dans des régions dont l’économie dépend fortement de l’exploitation des ressources renouvelables. Pour maintenir ces bénéfices économiques, il faut absolument investir dans une gestion adéquate des ressources naturelles et donc poursuivre l’effort de développement de l’expertise et de protection du patrimoine naturel.
Les coupures et le patrimoine naturel en chiffres :
- 220 agents de la protection de la faune de moins que dans les années 90 (610 à 380)
- 1,6 G $ de dépenses associées à l’exploitation de la faune à travers le Québec, ce qui représente pour l’économie québécoise une valeur ajoutée de 900 millions de dollars, l’équivalent de 14 000 emplois à plein temps et des revenus fiscaux de 247 millions de dollars pour les gouvernements du Québec et du Canada
- 0,067 % du budget annuel de l’État est consacré à la protection et à la mise en valeur de la faune, soit 7 $ par Québécois
- 622 espèces susceptibles d’être désignées menacées et vulnérables au Québec
La Coalition pour la sauvegarde du patrimoine naturel québécois appelle donc la population à se joindre au 7 500 personnes qui ont déjà signé la pétition pour un meilleur investissement en matière de gestion de la faune, relayée par Équiterre et la Fondation David Suzuki.