La santé publique réplique aux opposants

Par Sarah Désilets-Rousseau
C’est sans contredit un début de mandat chargé pour la nouvelle directrice de la santé publique de la Mauricie et du Centre-du-Québec, la Dre Isabelle Goupil-Sormany.
En poste depuis quelques jours seulement, cette dernière a invité les journalistes à un point de presse vendredi dans le but «d’apporter un argumentaire scientifique et de dissiper le doute» autour de la controverse qui a présentement cours sur l’ajout de fluor dans l’eau potable de Trois-Rivières.
Accompagnée par la dentiste-conseil à la direction de la santé publique, Dre Catherine Hamelin, la Dre Goupil-Sormany n’y est pas allée de main morte lorsqu’elle a réfuté un à un les arguments des opposants à la fluoration dans l’eau potable de la ville.
Plus de pour que de contre
Selon les deux femmes, qui étayaient leurs propos par de multiples sources scientifiques provenant d’organisations reconnues telle l’Organisation mondiale de la santé, Santé Canada, et l’Institut national de santé publique du Québec, les avantages de cette mesure de santé publique sont de loin plus importants que les inconvénients qui pourraient en découler.
«Moi, en tant que médecin, je vous dis qu’il n’y a pas de doute que le fluor est essentiel pour la santé dentaire des enfants, des adultes et des personnes âgées. Ajouter du fluor à l’eau, c’est favoriser une décision de santé, comme on l’a fait pour l’acide folique dans la farine, pour l’iode dans le sel, et pour la vitamine D dans le lait. Et en même temps, comme mesure de réduction des inégalités sociales, c’est une mesure équitable », a expliqué Dre Goupil-Sormany, en ajoutant que la fluoration de l’eau ne coûte qu’entre 0,50 $ et 3 $ par personne par année alors que chaque dollar versé dans cette initiative permet de sauver 80 $ par personne en soins dentaires.
«Le fluor, ce n’est pas dangereux. C’est un oligoélément, présent naturellement dans l’eau, mais pas à dose suffisante pour être efficace. On bonifie, donc, l’apport de fluor pour avoir une dose suffisante pour rester en santé. Le fluor n’est pas toxique. Vous en avez dans votre vin rouge, dans votre thé. Il suffit de boire deux tasses de thé pour dépasser largement la dose qui serait ajoutée à l’eau potable.», a renchéri la directrice de la santé publique.
Faire le bon débat
«Oui, il y a des arguments écologiques qui peuvent vouloir protéger la ressource eau à tout prix, et ça je ne m’y oppose pas. Par contre, je ne pense pas que le débat doit se faire sur le fluor, mais plutôt sur le réel enjeu, qui est la protection de notre ressource eau», a estimé Dre Goupil-Sormany, qui croit que le Québec a bel et bien un problème avec sa ressource, puisque l’eau potable est utilisée à d’autres fins que celles pour lesquelles elle devrait servir. Mais selon elle, cette problématique n’en est pas une de fluoration de l’eau, mais d’utilisation de la ressource.
Si bien que de son point de vue, la contribution du fluor à la pollution est infiniment petite, et les opposants à la mesure proposée par la ville de Trois-Rivières ne font pas le bon débat, et sèment le doute.
Un vote lundi
Les conseillers municipaux de la ville de Trois-Rivières seront invités lundi à voter sur la proposition visant à ajouter du fluor dans l’eau de la ville de Trois-Rivières. À l’heure actuelle, il semblerait qu’ils soient divisés sur l’issue de ce débat.
«Au Québec, le doute est souvent une occasion de ne pas prendre de décisions, et semer le doute est aussi une façon de ne pas prendre de décisions. Et je peux vous dire que les doutes, on les sème à profusion dans ce dossier-là. On nous dit que s’abstenir c’est la seule bonne décision à prendre. Je comprends le fardeau des élus, mais je pense qu’on peut leur démontrer qu’il y a un consensus», a réitéré la directrice de la santé publique, en se défendant toutefois de vouloir se mêler de politique.