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Un mal sournois

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28 novembre 2013
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Par Matthieu Max-Gessler
TROIS-RIVIÈRES - 

Isolement, manque de motivation et d’intérêt, troubles du sommeil et comportements excentriques… si vous êtes un parent, vous avez probablement reconnu des agissements de votre adolescent. Mais ces comportements souvent typiques de l’âge bête peuvent occasionnellement cacher un mal bien plus sournois: la psychose.

Deux Québécois sur cent sont atteints de troubles psychotiques, selon le ministère de la Santé et des Services sociaux. Ce problème de santé mentale, qui englobe la schizophrénie et le trouble bipolaire, peut être enrayé, à condition d’intervenir dès les premiers signes.

Or, ceux-ci peuvent apparaître dès le secondaire et ressemblent souvent à la crise d’adolescence.

«C’est normal qu’on essaie d’être indépendant par rapport à notre parent. Mais quand il y a un isolement trop brusque et que ça se prolonge, ça devient préoccupant. Si mon adolescent boude une fin de semaine, il ne faut pas s’inquiéter, mais il faut s’en occuper», soutient Hélène Dion, psychologue à la Commission scolaire de l’Énergie et administratrice à l’Association québécoise des psychologues scolaires.

«Comme un plombier sans outils»

Si certaines conséquences de la psychose se limitent à des sautes d’humeur, de l’isolement et des délires créatifs, d’autres sont plus dommageables. L’attention, la concentration et la mémoire peuvent être touchées à un point où la personne a du mal à fonctionner normalement.

«Les symptômes cognitifs vont perdurer. C’est comme un plombier qui n’a pas sa boîte à outils: il est correct, mais il ne peut pas fonctionner», illustre le Dr Daniel Lecoeur, psychiatre à la clinique Le Vaisseau d’Or du Centre de santé et de services sociaux de Trois-Rivières.

Le déclenchement de la psychose arrive toutefois rarement au secondaire. Les stress et les défis du Cégep vont souvent favoriser une première crise.

«C’est une clientèle plus à risque, particulièrement les jeunes qui placent énormément d’exigences dans leur rendement scolaire et sportif et qui ont du mal à gérer cette organisation-là», prévient Luc Blanchette, enseignant et coordonnateur du département de psychologie au Cégep de Trois-Rivières.

Selon lui, l’isolement créé chez les étudiants qui doivent changer de région pour étudier est aussi un facteur de risque, tant au cégep qu’à l’université.

Agir tôt pour faire des miracles

Une intervention avant une première crise psychotique peut toutefois faire des miracles, d’où l’importance de repérer les premiers symptômes rapidement, selon le Dr Lecoeur.

«Autrefois, il y avait peu de moyens et l’état des gens se détériorait au fil des années. Aujourd’hui, si les gens sont pris tôt, c’est-à-dire entre 16 et 20 ans, on a de 70% à 80% de guérison», souligne-t-il.

La Société québécoise de la schizophrénie a d’ailleurs récemment mis sur pied un questionnaire en ligne, le <I>Refer-o-scope<I>, qui permet de détecter les signes avant-coureurs de la psychose. Tant les jeunes que les parents et les intervenants du milieu scolaire, de la santé et des services sociaux peuvent s’en servir, au https://refer-o-scope.com.

Les écoles sont également dotées d’équipes de soutien, dont les psychologues, auxquelles les parents peuvent se référer, soutient Mme Dion.

«À chaque fois que j’ai un contact avec un parent, je sens à quel point ça le soulage et le rassure. Les intervenants de l’école peuvent répondre aux préoccupations des parents, alors il ne faut pas hésiter à les appeler», rappelle-t-elle.

La drogue, porte d’entrée pour la psychose

Les chiffres parlent: de 50 à 80 % des jeunes qui consultent pour une psychose ont un problème de toxicomanie, selon plusieurs chercheurs. Si la drogue n’est pas une cause de ce trouble mental, elle peut souvent le déclencher.

Au Centre Domrémy, 10% des adultes et adolescents en thérapie pour combattre leur dépendance à la drogue, l’alcool et le jeu ont «des antécédents d’états psychotiques». Si les drogues dures vont très probablement déclencher des épisodes psychotiques, cela peut également se produire suite à la consommation de cannabis et d’amphétamines, selon Jean-Marc Ménard, coordonnateur des services professionnels du Centre.

«La consommation n’est pas la cause directe, mais elle peut être un déclencheur important chez ceux qui présentent une prédisposition génétique aux troubles psychotiques. Si ces gens-là ne consommaient pas, il est possible qu’ils ne développent jamais la maladie», insiste-t-il.

Psychose permanente ou passagère?

Question de mêler les cartes pour les intervenants, la psychose peut être toxique, c’est-à-dire causée par la drogue et qui dure seulement pendant la durée de l’intoxication.

«C’est un état psychotique directement en lien avec la consommation de la substance. Lorsqu’il n’y a pas la présence du produit, il disparaît. Mais ce n’est pas bénin», avertit Miguel Therriault, coordonnateur des services professionnels au Centre Le Grand Chemin, le pendant de Domrémy, mais uniquement pour les mineurs, à Saint-Célestin.

Selon M. Therriault, 75% des jeunes qui entrent au grand Chemin ont une problématique de santé mentale, signe d’un lien important entre cette dernière et la toxicomanie.

Si cette psychose est temporaire, elle risque toutefois s’installer de façon permanente.

«Quand on fait une première psychose toxique, la vulnérabilité à en faire une nouvelle est très élevée. Plus j’en fais, plus il y a de dangers que mon équilibre psychique soit affecté. C’est comme une porte qui vient s’ouvrir», prévient M. Ménard.

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