La «centrale à Gobeil» ne passe pas

Par Claudia Berthiaume
Le torchon brûle entre l’Association des policiers-pompiers de la Ville de Trois-Rivières et la direction de la Sécurité publique. La Commission des relations de travail (CRT) a tenu une audience publique mercredi pour entendre les témoignages des deux parties afin de déterminer si les moyens de pression utilisés par les agents depuis une semaine portent préjudice aux citoyens.
La direction de la Sécurité publique de Trois-Rivières (SPTR) et la Ville de Trois-Rivières souhaitent que les policiers-pompiers cessent d’utiliser les mots «centrale à Gobeil» sur les ondes radio, en référence au directeur, Francis Gobeil.
Selon les compilations déposées en preuve, les patrouilleurs auraient appelé le centre des communications du quartier général «centrale à Gobeil» près de 800 fois dans la dernière semaine.
Or, selon le directeur Gobeil, les secondes utilisées «pour les mots de trop» posent problème. Dans son témoignage, il a rappelé que les policiers, comme les pompiers, sont soumis à des directives strictes quant à l’utilisation des ondes radio. «Les interventions doivent être brèves, claires et précises. Il faut éviter d’accaparer les ondes indûment et de passer des commentaires gratuits. Les codes servent justement à limiter les paroles», a indiqué M. Gobeil, en précisant que chaque seconde est importante pour les policiers et pour la population.
Confusion et dérapage
En plus de l’usage jugé inadéquat des ondes, le procureur de la Ville de Trois-Rivières a parlé, dans sa plaidoirie, des risques de confusion et de dérapage qui pourraient découler du moyen de pression des policiers-policiers.
En effet, deux autres personnes œuvrant au sein de la SPTR portent le nom de famille Gobeil. S’ils se croient interpelés sur les ondes constamment, le travail de ces deux policiers pourrait être perturbé, selon l’avocat de la Ville.
De plus, une situation semblable avait occasionné plusieurs dérapages en 2004, dans un contexte de négociation de convention collective. La Ville et la direction de la SPTR craignent que cela se reproduise si les moyens de pression perdurent.
Pas de preuve
L’avocat de l’Association des policiers-pompiers a quant à lui allégué qu’aucune preuve de confusion n’a été présentée. Dans son témoignage, un des syndiqués qui utilise le moyen de pression est venu dire que les agents ne s’interpellent que par le biais de leur matricule sur les ondes, ce qui rend la confusion pratiquement impossible.
Le procureur du syndicat a également insisté sur le fait qu’on parle d’une poignée de secondes. Selon lui, en situation d’urgence, les policiers feraient preuve de professionnalisme et éviteraient d’utiliser les mots «centrale à Gobeil».
Finalement, l’Association des policiers-pompiers soutient qu’elle encadre suffisamment ses membres pour empêcher le dérapage.
Il n’a aucunement été question du cas de l’agent Jason Dubé qui est à la source du litige. «Si toute l’énergie et le temps qui a été pris aujourd’hui avait été utilisé pour trouver des solutions et pour dénouer l’impasse dans le dossier de M. Dubé, tout serait terminé», a déclaré le président du syndicat, Louis Lesage, à sa sortie de la salle d’audience.
Le commissaire Raymond Gagnon a pris la cause en délibéré. Il devrait rendre sa décision dans les prochains jours.