L’alcool, la drogue et les enfants

Par Joany Dufresne
La consommation d’alcool et de drogues chez les jeunes de moins de 12 ans est-elle une réalité? Poser la question, c’est y répondre. Il semble toutefois que la tendance soit à la baisse.
ll est difficile de chiffrer combien d’élèves du primaire ont déjà consommé de l’alcool et des drogues en Mauricie. Mais certes, ce phénomène existe.
«Il est vrai que les jeunes de moins de 12 ans consomment, mais il faut faire attention. À cet âge, la consommation est plutôt exploratoire. Seuls les cas très exceptionnels vont développer un problème de consommation important entre 10 et 12 ans», affirme Andréanne Dion, agente de relations humaines à Domrémy Mauricie.
Au Québec, près de 40 % des préadolescents consomment de l’alcool, du cannabis ou fumé la cigarette à quelques reprises dans une année. La majorité a été initiée à l’alcool à l’âge de 9 ans et demi. La consommation de cigarettes et de cannabis suit respectivement en plus petits pourcentages.
«Chez les enfants, on parle beaucoup plus d’alcool et de cannabis avant de parler de substances chimiques comme les amphétamines et la cocaïne. Il faut s’en méfier davantage, car c’est beaucoup plus commun que ces drogues dures», précise Mme Dion.
Les premières expériences
Les raisons qui poussent les jeunes à essayer la drogue ou l’alcool sont diverses, mais elles sont les mêmes pour la plupart d’entre eux.
«Les premières consommations, c’est toujours par curiosité, pour le plaisir et parce que les amis en consomment et qu’on veut être <I>dans la gang<I>. Après, c’est le phénomène de dépendance qui embarque», explique l’intervenant de Domrémy.
Des témoignages recueillis par Myriam Laventure, professeure à l’Université de Sherbrooke, dans le cadre d’une étude réalisée en 2008, permettent de constater les motivations des jeunes.
«Il y a plusieurs de mes amis qui en consomment, j’ai dit: "Je veux essayer moi aussi". Mais là ce n’était pas pour me saouler, je ne suis pas alcoolique… pendant que je bois, j’aime ça, je me sens bien, j’aime le goût», a confié Jérémie, 10 ans et demi.
«J’ai fumé la cigarette par curiosité, pour faire comme les autres… Curiosité et pour ne pas me sentir rejetée», a dit Véronique, 12 ans.
Pour d’autres jeunes, les drogues et l’alcool sont une échappatoire aux épreuves de la vie, comme l’a mentionné Marie, 11 ans. «Je consomme du <I>pot<I> pour les effets que ça fait et j’en reprends parce que je me suis rendu compte que mes soucis, je ne m’en rappelle plus quand je consomme.»
Andréanne Dion ajoute que le plaisir est toujours un élément très important pour les jeunes, ce qui fait qu’ils peuvent accrocher facilement sur les drogues et l’alcool. Quoi qu’il en soit, elle remarque une diminution du nombre de préadolescents qui consomment.
«Il y a une tendance à la baisse. C’est encourageant. On se peut se demander pourquoi? C’est peut-être en raison des nombreuses campagnes de prévention», conclut-elle.
Les préadolescents et la consommation au Québec
L’abstinent: 56,1 % des élèves n’ont jamais consommé de cigarettes, d’alcool ou de cannabis dans la dernière année.
L’explorateur: 38,9 % des élèves a fumé la cigarette quelques fois par mois ou a bu de l’alcool plusieurs fois dans la dernière année.
Le consommateur à risque: 5 % des élèves sont à risque de développer une dépendance, car ils ont consommé de l’alcool, du cannabis ou des cigarettes régulièrement dans la dernière année.