Le stade Fernand-Bédard fête ses 75 ans

Par Nicolas Ducharme
À la veille du premier match à domicile de l’histoire des Aigles de la Ligue Can-Am, la Ville de Trois-Rivières a souligné, mercredi, le 75e anniversaire du stade Fernand-Bédard. L’homme qui a donné son nom à l’endroit était d’ailleurs sur place.
Construit en 1938, l’emplacement, qui a porté le nom de stade municipal jusqu’en 2001, a eu droit à une cure de rajeunissement d’une valeur de sept millions en 2009, en plus des récents ajouts afin d’accueillir la Ligue Can-Am cette année.
Entre ses murs ont évolué plusieurs circuits provinciaux ainsi que des équipes affiliées au baseball majeur. De 1971 à 1977, les Aigles étaient le club-école des Reds de Cincinnati, ce qui a aussi donné naissance aux Aigles junior en 1972.
À une époque où le baseball était le seul passe-temps estival des jeunes et moins jeunes de la Mauricie, l’amphithéâtre était le lieu de rassemblement pour les amateurs de la petite balle.
Des souvenirs inestimables
Véritable légende dans le monde du baseball trifluvien, M. Bédard a toujours la mémoire vive malgré ses 82 ans. Il ne se fait pas prier pour se remémorer les souvenirs qu’il a connus à cet endroit, particulièrement lorsqu’il se trouve en présence d’un autre vénérable du sport trifluvien, Yvon Després.
Il se souvient même de la première partie disputée dans l’enceinte pouvant contenir 4500 personnes.
«C’était un match contre Drummondville et il y avait beaucoup de monde, si ma mémoire est bonne. Il ne faut oublier les années où nous étions affiliés avec les Dodgers de Brooklyn. Alors que Jack Robinson évoluait à Montréal, deux joueurs noirs, Johnny Wright et Roy Partlow, étaient venus jouer à Trois-Rivières et ils nous avaient aidés à gagner un championnat. C’était fantastique et du jamais vu», souligne le « père du stade ».
La maison avant la maison
Il faut dire qu’il n’y a pas un travail que M. Bédard n’ait pas fait dans ce stade, allant de vendre de la nourriture jusqu’à l’entretien du terrain. Il s’est mêlé de tout, sauf de la composition des équipes.
«Il ne fallait pas qu’on appuie nos jambes sur les bancs du stade, sinon, on se le faisait dire par M. Bédard», a souligné le porte-parole de la Ville, Yvan Toutant, un avide amateur de baseball.
«Ça été pour moi ma première maison. Même ma femme a travaillé au restaurant, puis lorsqu’elle était plus âgée, dans les bureaux», révèle l’homme de 82 ans.
«Quant à ma fille, elle a appris son anglais en étant gardienne des enfants des joueurs des Aigles. C’est elle qui s’occupait de Ken Griffey fils, qui courrait partout», ajoute-t-il.
Un de ses souvenirs les plus mémorables reste toutefois le jour où, en 2001, il a appris que l’enceinte porterait son nom. «Quand ils m’ont dit ça, je ne m’y attendais pas. Mon père de 92 ans était avec moi et il s’est mis à pleurer de joie. C’est à ce moment que j’ai été ébranlé.»
Afin de souligner son implication inestimable, M. Bédard verra une plaque à son effigie être apposée à l’entrée du stade.