Recycler en Chine, mais à quel prix?

Par Joany Dufresne
La Chine est la plus importante acheteuse de matières recyclées en Amérique du Nord. Si elle est le principal client de nos centres de tri, l’usage qu’elle fait du plastique recyclé peut être remis en question.
Que ce soit en Europe ou en Amérique du Nord, les entreprises chinoises sont des acheteuses très actives à travers le monde. Elles se procurent entre 40 à 45 % de la totalité du papier et du carton récupérés au Canada et aux États-Unis seulement.
Pour Michel Camirand, directeur général de Récupération Mauricie, leur présence est importante. « Sans leur intérêt pour ces matières, les prix s’effondreraient, dit-il. Elles sont des joueuses importantes dans l’économie de la récupération en Amérique du Nord. »
Une réutilisation questionnable
Utilisées pour récréer de nouveaux produits, les matières récupérées ont souvent une deuxième vie. Dans le cas du plastique, notamment, les possibilités sont nombreuses. Grâce à un procédé thermique, il est possible de transformer le plastique en produits pétroliers liquides qui seront raffinés, entre autres, en gazoline et lubrifiants.
En Chine, plusieurs usines utilisent le plastique récupéré comme combustible.
« Naturellement, la Chine peut acheter des matières à des fins de valorisation énergétique, mais elle vit avec les conséquences de son geste », affirme M. Camirand. Celui-ci rappelle que le gouvernement chinois avait interdit aux manufactures d’opérer durant les Jeux olympiques en 2008 pour abaisser la pollution.
Impact écologique
Si cet usage du plastique récupéré peut choquer certaines personnes, pour d’autres, il s’agit d’un emploi plus écologique que celui du pétrole brut.
« Le plastique est une excellente matière à recycler, car il ne consomme que 2 % du pétrole exploité à travers le monde. 96 % du pétrole sert à des fins de transport et d’énergie. Donc, lorsqu’on fait du carburant à partir du plastique, on vient remplacer une infime partie du pétrole qui est utilisé. Il y a quand même un impact environnemental positif », soutient M. Camirand.
Vers une utilisation au Québec
Aucune réglementation n’existe au Québec pour empêcher la vente de plastique récupéré en Chine.
« On n’a pas de contrôle et on ne peut pas empêcher les exportations », confie Jeannot Richard, vice-président innovation chez Recyc-Québec.
M. Richard affirme d’ailleurs que l’entreprise Enerkem travaille sur un projet pilote à son usine de Westbury pour créer des biocarburants à partir de plastique recyclé.
Au Québec, plus de 120 000 tonnes de plastique sont récupérées chaque année.