«Le corps humain est le plus beau des livres»

Par Claudia Berthiaume
Tous les étudiants qui ont eu la chance de travailler sur un corps humain le disent: c’est un apprentissage concret, qui consolide la théorie vue en classe, et aide à comprendre la complexité de notre race.
Le laboratoire d’anatomie de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) est un des cinq établissements d’enseignement qui acceptent les dons de corps au Québec.
Créé en 1993 pour le programme de chiropratique, c’est aujourd’hui l’endroit qui accueille le plus d’étudiants et de chercheurs souhaitant parfaire leurs connaissances anatomiques, toutes disciplines confondues.
En tout, près de 1000 personnes y passent chaque année. « La pédagogie montre que, si on utilise plusieurs sens pour apprendre, les informations entrent directement dans la mémoire à long terme », explique Gilles Bronchti, directeur du département d’anatomie.
Les propos du professeur sont confirmés par les étudiants de première année en chiropratique présents lors de la visite de L’Écho. « Les cours théoriques sont plus abstraits. Ce sont les laboratoires qui nous aident vraiment à comprendre », estime une étudiante. « C’est vraiment un plus pour nous, ce ne sont pas toutes les universités qui ont accès à ça », ajoute sa collègue. « Ça aide beaucoup de visualiser en trois dimensions, c’est une expérience unique », complète un autre futur chiropraticien.
En tout, une cinquantaine de corps sont mis à la disposition des chercheurs. « On travaille toujours avec des corps entiers. Ils sont d’abord utilisés dans un cours de dissection, souligne M. Bronchti. Ensuite, chaque pièce est numérotée et toutes les parties du corps restent ensemble jusqu’à l’incinération. »
De plus en plus de dons
Environ 1500 personnes ont déjà promis leur corps au laboratoire d’anatomie de l’UQTR. Les installations de l’université ne peuvent toutefois pas en contenir plus d’une cinquantaine à la fois.
Néanmoins, ce ne sont pas tous ces corps qui arriveront à destination. Certaines conditions doivent être respectées. « Le corps ne doit pas avoir subi de traumatisme ni d’opération interne deux mois avant le décès. Il ne faut pas non plus peser plus de 200 livres », précise Johanne Pellerin, technicienne au laboratoire d’anatomie de l’UQTR.
Il arrive aussi parfois que la famille n’avise pas l’université du décès ou ne respecte pas les dernières volontés du défunt.
À cet effet, la technicienne de laboratoire suggère d’aborder le sujet avec les proches le plus tôt possible. « Il ne faut pas seulement l’écrire sur son testament. C’est important d’en parler, c’est une démarche qui peut être longue à être acceptée par la famille », constate-t-elle.