La Ville pourrait saisir le site

Par Guillaume Jacob
La Ville de Trois-Rivières en a assez: l’église Saint-Philippe doit être démolie ce printemps. S’il le faut, elle se tournera vers les tribunaux ou saisira le site pour non paiement de taxes.
« Notre patience a atteint sa limite », avertit le porte-parole de la Ville, Yvan Toutant. Quelque deux ans après son achat par l’entrepreneur Denis Despins, la vétuste église Saint-Philippe est toujours debout.
Le propriétaire doit maintenant plus de 20 000 $ de taxes impayées à la Ville de Trois-Rivières. Le dernier versement date de juillet 2010. Après trois ans de taxes impayées, la Ville peut se saisir d’un site pour le revendre et récupérer son dû, en vertu de la Loi sur les cités et villes.
Si l’impasse qui perdure dans ce dossier ne se règle pas, la Ville pourrait donc saisir le site et s’occuper de la démolition.
Par ailleurs, la Ville pourrait aussi se tourner vers la Cour supérieure pour forcer le début des travaux en plaidant l’urgence d’agir pour des questions de sécurité. « On l’a vu l’automne passé, l’église est la cible de squatteurs et les voleurs de cuivre », souligne Yvan Toutant. La facture serait alors refilée au propriétaire.
Toutefois, ces scénarios ne sont pas souhaités par la Ville, insiste Yvan Toutant. La Ville encourage les partenaires au dossier à dénouer l’impasse, dont le nœud demeure le paiement des taxes.
Impasse
Après avoir rencontré beaucoup de difficultés dans ce projet, l’entrepreneur Denis Despins, amer, a cédé le contrat de démolition de l’église à Anpro Démolition, une entreprise qui a fait de ce genre de projet sa spécialité.
Par contre, Anpro refuse de payer les taxes dues. « Je suis prêt à mettre de l’eau dans mon vin mais je ne suis pas prêt à assumer l’entièreté du montant », indique son directeur Michel Proulx.
L’autre partie au dossier est l’entreprise immobilière Olymbec, qui a déjà signé une promesse d’achat pour le terrain de l’église.
Ces trois parties doivent donc parvenir à une entente sur la question des taxes. « C’est sûr que ça va être réglé ce printemps », affirme M. Despins, confiant.
Michel Proulx, d’Anpro Démolition, croit que la Ville pourrait aussi faire un bout de chemin. « C’est sûr que la Ville est soumise à des règles strictes en matière de taxes, mais il y a sûrement une solution qui serait à l’avantage des citoyens, avance-t-il. Si la Ville reprend le site et déclenche un appel d’offres pour la démolition, elle se rendra compte des véritables coûts du chantier. »
En outre, le directeur trouve insensé que la Ville évalue la valeur de l’église à environ 250 000 $. « Ils savent pertinemment que l’église va être démolie. » De plus, à l’époque, Denis Despins l’avait acheté de la fabrique pour un dollar, à condition de se charger de sa démolition, rappelle-t-il.
Repartir à zéro
Si les parties s’entendent, Anpro Démolition devra encore refaire les démarches en vue d’obtenir des permis démolition de la Ville et de la Commission de la santé et sécurité au travail (CSST) avant que le chantier ne commence.
Michel Proulx, directeur de l’entreprise, ne s’en formalise pas : ces étapes devraient être franchies rapidement. Anpro, qui mène des chantiers de démolition d’envergure à plusieurs endroits au Québec, a l’habitude de ce genre de démarche.
Pour l’entrepreneur Denis Despins, le projet de l’église Saint-Philippe constitue une véritable mésaventure. Celui-ci avait eu maille à partir avec la CSST lorsqu’il a pris le contrat de démolition. Il avait dû recourir, à grands frais, à une firme d’ingénieurs pour élaborer un plan de travail qui convenait aux normes de sécurité de la CSST. Ce processus avait duré plusieurs mois, et le devis proposé par la firme faisait exploser les coûts du chantier.
Après avoir consulté plusieurs entreprises spécialisées dans la démolition de bâtiment, M. Despins avait jugé que ce devis était exagéré.
Amiante
La présence d’amiante dans les murs de l’église augmente les coûts de la démolition, indique Michel Proulx, directeur d’Anpro Démolition. Son entreprise a déjà effectué plus de 20 analyses sur le bâtiment. « Il y en a partout dans les murs.»
M. Proulx affirme qu’il sera prêt à dévoiler l’échéancier des travaux aussitôt qu’une solution sera trouvée pour le problème du paiement des taxes.