Les verts proposent de démanteler Gentilly-2 en 20 ans

Par Agence QMI
Les principaux groupes environnementaux du Québec suggèrent au gouvernement de déclasser la centrale nucléaire Gentilly-2 de Bécancour sur un horizon de 20 ans au lieu de 50 ans.
À l’aube de la commission parlementaire qui étudiera la question, la semaine prochaine, divers groupes comme Greenpeace, Nature Québec, Équiterre, la Fondation David Suzuki et l’AQLPA ainsi que des militants anti-nucléaire ont convoqué la presse pour dévoiler une «feuille de route» qui permettrait de démanteler la centrale nucléaire en 20 ans.
Le Québec doit s’inspirer de la France, disent-ils, afin d’accélérer les travaux de démantèlement et de déclassement. «Y’a rien qui nous empêche techniquement de le faire. C’est tout à fait possible», a plaidé le porte-parole de Nature Québec, Christian Simard. «Il n’y a pas de raisons d’attendre. Quand on reporte ça dans le temps, ça augmente énormément les frais», a-t-il renchéri.
La Commission canadienne de sûreté nucléaire soutient qu’en moyenne, «les plans de déclassement des centrales nucléaires s’échelonnent sur 50 ans». Le Québec nage également dans l’inconnu, à l’heure actuelle, puisqu’aucun réacteur CANDU n’a encore été démantelé au pays. Autre obstacle : il n’y a présentement aucun site d’entreposage permanent pour les déchets radioactifs au Canada.
Malgré ces difficultés et le manque d’expertise, le mouvement Sortons le Québec du nucléaire persiste et signe. On soutient même que le chiffre de vingt ans est conservateur.
«C’est faisable sur cinq ans! En France, la politique nationale, c’est dix ans. Et ne me dites pas que les Français ne connaissent pas le nucléaire! Ça revient au même. Les déchets radioactifs qui sont produits sont les mêmes en France, au Japon, aux États-Unis et ici», a fait valoir Michel Duguay, du mouvement Sortons le Québec du nucléaire, en entrevue avec «Le Journal du Québec».
Les verts soutiennent que le Québec doit faire figure de pionnier en développant sa propre expertise avant l’Ontario. «C’est nécessaire d’utiliser l’expertise maintenant. Dans trente ans, l’expertise sera perdue», a martelé Gordon Edwards du Regroupement pour la surveillance du nucléaire.
Un plan de démantèlement accéléré de Gentilly-2 (et Gentilly-1 qui est en dormance depuis 35 ans) favoriserait le maintien d’une activité économique importante dans le Centre-du-Québec et en Mauricie, ont-ils martelé.
Le fédéral doit également faire sa part, tant pour Gentillly-1 (dont il a la responsabilité) que pour Gentilly-2 «car il s’agissait à l’origine d’un projet à coûts partagés fédéral-provincial» avant que la centrale ne devienne une propriété d’Hydro-Québec.
Ouverture de Martine Ouellet ?
Le porte-parole de Nature Québec, Christian Simard, a précisé que le groupe Sortons le Québec du nucléaire avait déjà soumis son plan à la ministre des Ressources naturelles Martine Ouellet. «Les premiers signaux qu’on a sont plutôt positifs», a-t-il déclaré, disant avoir senti de «l’ouverture» et une «écoute très active».
Hydro-Québec a refusé de commenter la sortie des groupes environnementaux et préfère «réserver ses propos jusqu’à la commission parlementaire mardi prochain».
Le plan proposé par les groupes environnementaux :
- Enlèvement du combustible irradié et de l’eau lourde contaminée du réacteur Gentilly-2 et sécurisation des éléments toujours critiques de Gentilly-2. Approbation des plans de déclassement de Gentilly-1 et Gentilly2 (horizon de 3 ans).
- Démantèlement de la centrale Gentilly-1, en dormance depuis 35 ans, aux frais de son propriétaire, le gouvernement fédéral, en utilisant la main d’œuvre régionale spécialisée. Ce démantèlement servira de chantier-école pour Gentilly-2 dans un environnement plus sécuritaire (horizon maximal de 10 ans).
- Démantèlement de la centrale de Gentilly-2 à partir de la dixième année (horizon 20 ans).
- Décontamination des sites et sécurisation des déchets (horizon 20 ans).