Un an pour apprendre le français

Par Claudia Berthiaume
Philip Rothenberger est âgé de 16 ans. Il a troqué son Allemagne natale pour le Québec en septembre dernier. Il a élu domicile chez une famille trifluvienne pour la prochaine année, dans le but d’apprendre la langue de Molière.
Philip fait partie des milliers de jeunes qui participent chaque année au programme d’échange de l’organisme AFS Interculture. La Mauricie accueille actuellement une vingtaine d’étudiants étrangers, en provenance d’une douzaine de pays.
Un choc linguistique
Lorsqu’il a atterri à l’aéroport Montréal-Trudeau, arrivant directement de Bühl, en Forêt-Noire, le choc a été brutal. « Je pensais que tout le monde parlait aussi anglais, que je pourrais me débrouiller en arrivant. L’accent des gens est aussi très différent de celui des Français », raconte-t-il.
Bien qu’il ait étudié le français pendant quatre ans dans un gymnasium (école secondaire supérieure) allemand, Philip a eu de la difficulté à communiquer dans cette langue au tout début.
« Nous l’avons inscrit au programme d’études internationales de l’école secondaire des Pionniers et en cinq minutes, il connaissait tous ceux qui parlaient anglais », se rappelle son père d’accueil, Gabriel Genest.
Si Philip maîtrise parfaitement l’anglais, c’est parce qu’il a résidé pendant cinq ans aux États-Unis. « Mon père y a travaillé un bout de temps. C’est aussi pour ça que j’ai choisi le Québec, parce que je connaissais déjà l’anglais. La France, c’était trop près de chez moi », explique le jeune homme.
Trois mois plus tard, son niveau de français est adéquat. Son vocabulaire s’est élargit et il s’adresse toujours aux gens en français. Il n’utilise l’anglais que s’il ne connaît pas un mot. « Maintenant, il comprend tout ce qu’on se dit à table, même nos jeux de mots », indique M. Genest.
Garder contact avec l’Allemagne
Grâce à la technologie, il est facile pour Philip de garder contact avec son pays d’origine. Il utilise Facebook, Skype et son téléphone cellulaire pour parler à ses proches.
Ces différents médiums facilitent la communication, mais ralentissent aussi l’intégration dans son nouveau pays, selon sa mère d’accueil, Lorraine Charbonneau. « Au début, il “textait” beaucoup en allemand. Nous avons eu de la misère à lui faire lâcher son cellulaire », se souvient-elle.
« C’est vrai que la coupure a été un peu difficile quand je suis arrivé, mais dès que j’ai mieux parlé français, ce n’était plus un problème, confie l’étudiant allemand. Je n’avais plus besoin de parler à mes amis allemands tous les jours. »
Noël blanc
Passer Noël à l’étranger n’a pas été trop difficile pour Philip. « On fait les mêmes choses qu’en Allemagne. On va à l’église, on fait la fête en famille », indique le jeune homme. Il est par contre plutôt rare d’avoir un Noël blanc en Forêt-Noire.
Si les coutumes québécoises ne l’ont pas trop dépaysé, il en est tout autrement pour la nourriture. « Quand il est arrivé, il ne mangeait rien. C’est très déstabilisant pour une mère », souligne Mme Charbonneau.
Lorsque questionné par L’Écho à ce sujet, Philip répond qu’il est aussi difficile dans son propre pays. « Je n’essaie pas beaucoup de choses. La poutine, c’est bizarre pour moi », précise celui qui n’a pas non plus goûté le fameux sirop d’érable.
Somme toute, le jeune Allemand semble s’être bien intégré, puisqu’il a déjà une petite amie trifluvienne, seulement trois mois après son arrivée.