Lac Saint-Pierre : des commerçants pressent le ministère

Par Louise Grégoire-Racicot
Les amateurs de pêche hivernale ne savent toujours pas, à un mois de l’ouverture de la saison, s’ils pourront pêcher la perchaude dans le lac Saint-Pierre. Les commerçants craignent que les touristes désertent l’endroit, ce qui porterait un dur coup à l’économie de cette région.
La pêche à la perchaude a été interdite en mai dernier pour cinq ans, même si ce poisson est le plus taquiné l’hiver lors de la pêche sur place. Les commerçants et les activistes sont toujours sans réponse du ministère de l’Environnement à leur demande de lever partiellement ce moratoire l’hiver.
«On a besoin de savoir bientôt. On veut une réponse, qu’elle soit positive ou négative», insiste Stéphane Marin, président de l’Aire faunique communautaire (AFC) du lac Saint-Pierre qui représente 40 000 membres.
Les pêcheurs doivent savoir s’ils doivent ou non acheter des ménés et des articles de pêche. Les pourvoiries doivent également pouvoir organiser la saison de pêche hivernale, qui est tout autre sans la pêche à la perchaude.
«Si on ne peut pêcher la perchaude ici le jour, plusieurs pêcheurs de l’extérieur, qui fréquentent nos centres iront sur d’autres lacs. C’est une perte de revenus et d’emplois prévisible pour le lac Saint-Pierre. Pour le moment, ils ne font pas de publicité et ils n’ont pas de réservations dans leur carnet», ajoute M. Marin.
Toutes les rencontres tenues jusqu’à maintenant n’ont pas laissé croire que la décision changera et que le moratoire sera levé partiellement. La démission jeudi du ministre de l’Environnement, Daniel Breton, risque également de compliquer les choses puisque l’Aire faunique avait demandé une rencontre.
«L’élection n’a pas aidé puisque ce dossier relève désormais d’un autre ministère que les Ressources naturelles, comme dans le passé. Tout est à recommencer. Tout le monde est en attente. Doit-on porter des poissons rouges et sortir des casseroles pour se faire entendre?» demande-t-il.
De l’espoir?
Un espoir subsiste toujours pour les pêcheurs puisque le ministère de l’Environnement a tout de même confirmé que 650 cormorans, ces oiseaux mangeurs de perchaude, ont été abattus cette année. On a retrouvé beaucoup de perchaudes dans leur estomac. Cette mesure avait été mise en place afin d’enrayer la diminution de stock de perchaudes dans le lac Saint-Pierre et permettra peut-être un jour la pêche sur glace.
«En épargnant plusieurs petites perchaudes, on réhabilitera l’espèce. Mais si les familles doivent remettre à l’eau celles qu’elles pêcheront, elles se trouveront d’autres activités», craint Stéphane Marin. «Nous proposons plutôt que la pêche soit limitée à cinq perchaudes par permis, au lieu de dix comme avant. On en pêchait cinq ou six tonnes l’hiver, on en pêcherait plutôt trois à quatre. À peu près l’équivalent de ce que mangeaient les cormorans abattus.»