Projet d'agrandissement retardé ?
Par Guillaume Jacob
Les cinquante nouveaux lits et les cinq étages de la future aile du Centre hospitalier régional de Trois-Rivières, dont la construction a été annoncée en grande pompe en mai dernier, pourraient se faire attendre. L’explosion des coûts de plusieurs autres chantiers dans la province aurait poussé le gouvernement à mettre le projet trifluvien sur la glace.
À peine un mois après avoir donné le feu vert à la deuxième phase des travaux d’agrandissement du Centre hospitalier de Trois-Rivières, l’ex-gouvernement libéral a retiré le projet du Plan québécois d’infrastructure (PQI) en juin dernier.
Ce plan, d’un montant total de 44,2 milliards $, est un outil mis en place en 2007 qui permet au gouvernement de planifier ses dépenses en matière d’infrastructure et de réserver des fonds pour les projets retenus. Une partie des 51,5 millions $ alloués à l’agrandissement du Centre hospitalier trifluvien y aurait donc été biffée.
C’est à tout le moins ce qu’indique un rapport de la firme SECOR/KPMG, commandé par le Conseil du trésor et daté du 12 novembre. « […] Pour pouvoir tenir compte de la réévaluation à la hausse des coûts de certains projets, tout en continuant à respecter son enveloppe maximale, le ministère de la Santé et des Services sociaux a retiré six projets de sa liste entre mars et juin 2012 [NDLR : dont celui du Centre hospitalier de Trois-Rivières] », peut-on y lire.
La députée de Trois-Rivières, Danielle St-Amand, dément vivement ces informations (voir plus bas). Le rapport indique que les coûts des projets d’infrastructures en cours ont augmenté de 14 milliards $ par rapport aux estimations initiales.
La présidente du Conseil d’administration du Centre de santé et services sociaux de la Mauricie et du Centre-du-Québec, s’est dite « consternée » d’apprendre que le projet avait été retiré du Plan québécois d’infrastructures sans que son administration en ait été informée. Elle a réagit par voie de communiqué, lundi.
Des 51,5 millions $ prévus pour le projet du Centre hospitalier de Trois-Rivières, 6,1 millions $ ont déjà été réservés pour l’élaboration des plans et devis. Les services d’ingénieurs et d’architectes ont déjà été retenus pour ce travail qui s’échelonnera au cours des 18 à 24 prochains mois. Par contre, les sommes prévues pour la construction elle-même ne sont pas inscrites au PQI.
Le Plan québécois d’infrastructure s’étend sur un horizon de cinq ans (2011-2016), mais il est révisé chaque année. Les fonds voués à la construction de la nouvelle aile pourraient donc être provisionnés dans les années à venir.
Le conseil d’administration du Centre de santé et services sociaux de Trois-Rivières devrait réagir à la situation plus tard cette semaine. Selon ce que L’Écho a appris, des représentations pourraient être faites auprès du ministère pour plaider en faveur de la priorité du projet trifluvien.
Avec le budget déposé le 20 novembre, le gouvernement péquiste a fixé de nouvelles cibles d’investissement en santé, indique la porte-parole du ministère de la Santé et Services sociaux, Nathalie Lévesque. « En fonction de ces nouvelles cibles, la priorisation des projets sera mise à niveau, a-t-elle souligné lors d’une entrevue téléphonique. Ce n’est qu’après cet exercice que nous serons en mesure de statuer sur les échéanciers des projets immobiliers dans le réseau. »
Manque de transparence
En entrevue à TVA Nouvelles, l’auteur de l’étude, Daniel Denis, a indiqué que le projet d’agrandissement du Centre hospitalier de Trois-Rivières étaient sur la liste du Plan québécois d’infrastructures en mars, mais plus en juin.
Dans son rapport, le consultant propose de rendre publique la liste des projets qui se retrouvent dans le PQI, autant que les ajouts et les retraits, ce qui n’est pas le cas présentement. « Comme les projets individuels de la liste ne sont pas diffusés, ces retraits échappent aux regards des parlementaires, voire des citoyens ou des acteurs directement concernés par ces projets », écrit-il.
En outre, la firme SECOR/KPMG souligne que plusieurs projets d’infrastructures sont à l’étude ou même en cours de réalisation sans être inscrits au Plan d’infrastructures du Québec. Ces projets représentent des investissements de 5 milliards $.
« […] des choix devront être faits si l’on veut respecter les objectifs financiers et la capacité de payer du gouvernement du Québec », peut-on lire dans le rapport.
Danielle St-Amand dément les informations du rapport
La députée libérale de Trois-Rivières, Danielle St-Amand, dément l’affirmation du rapport de SECOR/KPMG comme quoi son gouvernement avait retiré le projet d’agrandissement du Centre hospitalier du Plan québécois d’infrastructures (PQI).
Après s’être enquise de la situation auprès de l’ex-ministre de la Santé, Yves Bolduc, des fonctionnaires du ministère de la Santé et de ceux de l’Agence de santé régionale, Danielle St-Amand, soutient fermement que le projet d’agrandissement du Centre hospitalier n’a pas été retiré du PQI pour la simple raison qu’il n’y a jamais été inscrit.
« Lorsqu’on provisionne l’argent pour un projet d’infrastructure, on le fait l’année de la première pelletée de terre, a-t-elle indiquée en entrevue. Cette année, le Centre hospitalier a reçu les fonds pour aller de l’avant avec les plans et devis. L’argent pour la construction aurait été versé en temps et lieu, en 2013-2014. C’est pourquoi ces sommes n’étaient pas inscrites au PQI. »
La députée de Trois-Rivières craint toutefois que le nouveau gouvernement n’invoque des considérations budgétaires pour mettre un frein sur certains projets. « Est-ce que le Parti québécois est en train de nous dire qu’il n’honorera pas les engagements que nous avions pris ? »
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