Des pêcheurs veulent rencontrer le ministre

Par Jean-Philippe Morin
L’Association des pêcheurs du lac Saint-Pierre, à Pierreville dans le Centre-du-Québec, veut prendre les grands moyens pour se faire entendre. Elle veut rencontrer le ministre délégué aux Ressources naturelles et de la Faune, Serge Simard, et ce, le plus tôt possible.
Rappelons que le 4 mai dernier, un moratoire de cinq ans sur la pêche à la perchaude a été décrété par le gouvernement du Québec.
Dix-huit jours seulement après sa création, l’Association comptait déjà 1000 membres. Le trésorier Marcel Bouchard voit cette décision comme de la poudre aux yeux.
« L’impact sera désastreux, tant sur l’économie que sur les pertes d’opportunités. Ce que les spécialistes devraient savoir, c’est que les perchaudes se déplacent! Pourquoi prélever toujours aux mêmes endroits? En plus, les pêcheurs n’ont même pas été consultés sur cette décision. Nous connaissons le lac mieux que quiconque et nous savons qu’il ne manque pas de perchaudes », a-t-il déploré.
M. Bouchard n’entend pas en rester là. Il espère même avoir une rencontre avec le ministre délégué au ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF), Serge Simard, avant la fin du mois de juin.
« D’ici la fin de l’été, on aura atteint 5 000 membres. On est là pour se faire entendre. Si on en reste là, on va assister à un scandale politique dans cinq ans. Le gouvernement va s’apercevoir qu’il n’y aura aucun impact sur la population de perchaudes. Ce n’est pas la pêche le problème! », a-t-il décrié.
Lors de deux réunions à Baie-du-Febvre et à Louiseville les 28 et 29 mai derniers, des représentants du gouvernement ont rencontré des pêcheurs pour leur demander une collaboration au dossier. Ils étaient plus de 300 pêcheurs à Baie-du-Febvre, le 28 mai à assister à cette rencontre.
« Nous allons collaborer le jour où le gouvernement va nous inviter à venir sur l’eau avec ses spécialistes pour faire les prélèvements. Là, ils verront la vérité », a-t-il conclu.
Le maire de Pierreville, André Descôteaux, est à 100% derrière l’initiative des pêcheurs du lac Saint-Pierre. Pour lui, cette décision du ministère sera catastrophique pour sa municipalité de 2300 âmes.
Le ministre Simard ne reculera pas
Le ministre délégué au MRNF, Serge Simard, savait que cette décision n’allait pas faire l’unanimité. « Mais la pire des grognes, on l’aurait vue lorsqu’il n’y aurait plus eu de perchaudes dans le lac », a-t-il affirmé en entrevue.
« On n’a pas pris cette décision de gaieté de cœur. On a posé ce geste basé sur des données scientifiques. On ne veut pas que la perchaude disparaisse. L’habitat se détériore et nous voulons que cette décision bénéficie aux générations futures », a-t-il poursuivi.
Le ministre a affirmé avoir tenté d’en arriver à d’autres solutions, mais que le moratoire s’avérait nécessaire.
« Il y a quelques années, on pêchait en moyenne 192 tonnes de perchaude par année. Présentement, on en pêche dix ou douze tonnes. Il faut comprendre qu’il y a un problème. On a acheté des quotas commerciaux dans les dernières années, mais on en est au même point aujourd’hui », a-t-il soulevé.
M. Simard s’est même dit ouvert à discuter avec les pourvoyeurs et les pêcheurs du lac Saint-Pierre.
« On veut discuter avec les pêcheurs pour trouver des moyens d’atténuation, une solution au problème. Une réunion est déjà prévue le 6 juin avec des pourvoyeurs, l’Aire faunique du lac Saint-Pierre et différents intervenants économiques. Il faut trouver des moyens ensemble », a-t-il conclu.
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