La pauvreté tue 300 personnes par année

Par Guillaume Jacob
« 300 vies seraient sauvées chaque année si on faisait disparaître les inégalités sociales dans la région », affirme le Dr Gilles W. Grenier, directeur de la santé publique à l’Agence de la santé et des services sociaux de la Mauricie et du Centre-du-Québec (ASSS). C’est ce qui ressort du troisième Rapport sur les inégalités sociales de santé déposé le 22 mai.
Élaboré à l’aide d’une multitude de données issues du recensement de 2006, ce rapport révèle notamment que les plus défavorisés de la région ont une espérance de vie de cinq à six ans inférieure à celle des plus avantagés. Ils meurent aussi deux fois plus des causes du tabagisme et ont 30% de plus de tumeurs malignes. Au sein de ce groupe, le taux de suicide est par ailleurs trois fois plus élevé.
Ainsi, pour déterminer le niveau de pauvreté, l’Agence ne considère pas seulement le niveau de revenu, mais aussi le niveau de scolarité, le nombre de signalements à la Direction de la protection de la jeunesse et l’état des logements au sein de chaque « communauté ».
La pauvreté a une adresse
Pour mieux cerner l’état de santé et la situation socio-économique de la population de la Mauricie et du Centre-du-Québec, l’ASSS a divisé le territoire en 267 « communautés », explique Réal Boisvert, agent de recherche et rédacteur principal du rapport. Chacune de ces communautés s’inscrit dans une échelle qui va de « très défavorisée » à « très favorisée ». « Les communautés les plus à risque sont invariablement dans les premiers quartiers des villes de la région », souligne M. Boisvert.
« Le rapport n’a pas pour objectif de stigmatiser les communautés, mais de montrer la réalité pour que les différents gestionnaires puissent en tenir compte », ajoute-t-il. Ces connaissances permettent de mieux cibler les problèmes et mieux adapter les services, renchérit le docteur Grenier.
Pas une fatalité
Même si le portrait dressé par ce rapport peut sembler accablant à certains égards, ses auteurs insistent aussi pour dire que la pauvreté n’est pas une fatalité. Ils présentent une série de projets concrets qui ont su améliorer le bien-être et la santé des plus pauvres.
« Le défi de la santé dépasse de beaucoup le seul réseau de la santé » fait remarquer le Dr Grenier. Celui-ci plaide pour une approche globale et souligne que les écoles et les municipalités sont des « partenaires de premier plan ».
Surtout, ce sont les citoyens eux-mêmes qui peuvent faire une différence, insiste aussi Réal Boisvert. « Ce qu’on a de plus précieux en Mauricie et au Centre-du-Québec, ce sont les gens qui peuvent mettre en œuvre des projets. »
L’ASSS de la Mauricie et du Centre-du-Québec produit un rapport sur les inégalités sociales à intervalles réguliers depuis le début des années 1990, en se basant sur les données des différents recensements.
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