Procès: même diagnostic, conclusions différentes

Par Claudia Berthiaume
C’était au tour de l’expert de la poursuite de témoigner, mercredi, au procès pour meurtre au second degré de Louis-Pier Noël, au palais de justice de Trois-Rivières. Le psychiatre légal, qui œuvre à l’Institut Philippe-Pinel de Montréal, a posé le même diagnostic que son confrère engagé par la défense, mais il en dégage des conclusions totalement différentes.
Au terme de la lecture des rapports policier et médical de Louis-Pier Noël et d’une entrevue d’une durée de quatre heures avec ce dernier, Dr Joel Watts a conclu que l’accusé démontrait divers symptômes de schizophrénie paranoïde. À cela, le psychiatre a ajouté que le prévenu présentait une dépendance aux amphétamines et abusait de l’alcool.
Selon lui, la maladie de Noël a été exacerbée par la prise de drogue et d’alcool le soir du 1er octobre 2011. De plus, l’accusé avait cessé de prendre sa médication quelques jours avant le drame.
Cependant, au contraire de son homologue qui a témoigné pour la défense, Dr Watts estime que l’homme de 28 ans était apte à juger de ses actes lorsqu’il poignardé sa conjointe, Édith Bolduc, à sept reprises. «Il (Noël) a dit à l’enquêteur qu’il ne l’avait pas achevée et qu’il avait hâte que les policiers arrivent. Il était conscient des conséquences physiques de ses gestes puisqu’il m’a raconté s’être arrêté lorsqu’il a vu que Mme Bolduc crachait du sang et suffoquait», a relaté le psychiatre.
S’il est possible que les hallucinations du prévenu aient pu avoir un lien avec les faits qui lui sont reprochés, elles n’en sont pas la cause principale selon l’expert de la poursuite. Noël a mentionné au tribunal qu’il était convaincu que sa conjointe le trompait et qu’il avait cru voir un homme rôder près de leur appartement quelques heures avant les tragiques évènements.
Dr Watts a stipulé que les motivations de Louis-Pier Noël lui semblaient rationnelles et non délirantes. «Il était sous l’emprise de la colère et il ne voulait pas retourner en prison. C’est seulement au moment où la victime a décidé d’appeler le 9-1-1 que l’accusé est devenu violent», a-t-il souligné.
Six mois avant le drame, Édith Bolduc avait porté plainte contre Louis-Pier Noël pour voies de fait. Ce dernier avait alors passé une fin de semaine derrière les barreaux et s’était juré de ne jamais y remettre les pieds. La cause était toujours pendante en octobre 2011.
Finalement, le psychiatre a indiqué qu’il était possible que le prévenu ait exagéré ses symptômes après les faits. Pour toutes ces raisons, Dr Watts ne remet pas en cause la responsabilité criminelle de Louis-Pier Noël dans la présente affaire.
Les procédures judiciaires se poursuivront jeudi et se termineront à une date ultérieure.
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