Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

« Après cinq ans, il faut briser le silence »

durée 14h55
31 juillet 2012
ici

commentaires

ici

likes

 

vues

imprimante
email
Par Guillaume Jacob
TROIS-RIVIÈRES - 

Le 31 juillet marque désormais un triste anniversaire à Trois-Rivières : celui de la disparition de Cédrika Provencher. Tous les ans à l’orée de cette date, la douleur est d’autant plus vive pour la famille de la disparue. Toutefois, c’est un « mal nécessaire », croit le grand-père de Cédrika, Henri Provencher, pour qui le plus grand danger est peut-être l’oubli.

Cinq ans se sont écoulés depuis qu’Henri Provencher a vu sa petite fille pour la dernière fois. Jamais il n’aurait pensé que le calvaire serait aussi long. « C'est comme si c’était hier et en même temps une éternité. Dans un sens on imagine toujours que ça va se terminer le lendemain. Cette perspective nous donne l’énergie de continuer», témoigne-t-il.

Le téléphone sonne moins souvent qu’autrefois au quartier général de la famille Provencher, d’où les recherches sont menées depuis cinq ans, et la boîte courriel n’est pas ensevelie comme c'était le cas lorsque Cédrika faisait les manchettes, convient M. Provencher. « On reçoit beaucoup moins d’informations qu’auparavant, mais on en reçoit continuellement. On les prend au sérieux. On se fait un devoir de vérifier toutes les informations qu’on reçoit. Je lis tous les courriels. »

Délier les langues

Si M. Provencher tient toujours à ce que soit souligné le triste anniversaire de la disparition de sa petite fille, c’est aussi pour que les images de Cédrika continuent de confronter celui ou celle qui pourrait être responsable du drame.

« On ne doit pas cesser de harceler les gens qui ont pu poser ce geste. Plus il va y avoir de photos placardées, plus la personne qui a posé le geste et les gens qui l’entourent devront se le rappeler. » C’est d’ailleurs pourquoi une campagne d’affichage sera relancée.

« La personne qui a fait cette chose-là a des parents, des amis, des collègues de travail. Il y a sûrement quelqu’un aux alentours qui est au courant de quelque chose qui pourrait nous aider, implore M. Provencher. Nous ce qui nous importe, c’est de savoir où est Cédrika, pas d’arrêter quelqu’un. Pour ça, la police fera son travail. Après cinq ans, il faut briser le silence. »

Ne jamais lâcher

Bien qu’il admet être usé par toute cette histoire, Henri Provencher n’est pas près de baisser les bras. « Je ne fais que m’imaginer être dans la peau de Cédrika qui serait quelque part, et de m’imaginer qu’on arrête les recherches. Ce serait abominable. C’est ce qui me motive à continuer. »

Plusieurs questions restées en suspens taraudent M. Provencher. « Est-ce que la petite est décédée, est-ce qu’on l’a maltraitée? Si elle est en vie, est-ce qu’on en prend soin ou est-ce qu’on lui fait de la misère? C’est tout ça qui est fatigant et c’est pour ça qu’on ne lâchera jamais. »

Ne pas lâcher est aussi une façon d’envoyer un message, illustre Henri Provencher. « On ne peut pas accepter de choses semblables. On ne peut pas garder les enfants en cage pendant que les loups se promènent en liberté. »

Fondation Cédrika Provencher: prévenir les enlèvements

Presque deux ans après sa création, la Fondation Cédrika Provencher lance un nouveau programme de prévention des enlèvements d’enfants, baptisé « Un geste pour la vie ».

« On veut impliquer les parents et le voisinage pour prévenir les enlèvements d’enfants », explique le directeur général de la Fondation, Daniel Marineau.

« Je suis à mettre au point un outil qui permettra aux parents d’évaluer la vulnérabilité de leurs enfants et le niveau de risque des environnements qu’ils fréquentent », poursuit-il. Cet outil devrait prendre la forme d’un questionnaire qui pourra être distribué dans les communautés participantes.

« À la lumière de ces diagnostics-là, nous allons développer des stratégies de surveillance en relation avec le niveau de vulnérabilité des jeunes et le niveau de risque de leur environnement. »

Un pan de cette stratégie pourrait consister à sensibiliser les jeunes pour leur permettre de mieux réagir dans le cas où quelqu’un voudrait s’en prendre à eux.

« En cours d’année, on a l’intention de rencontrer des Municipalités et des communautés pour leur proposer de mettre en œuvre le programme chez eux », indique M. Marineau.

Le directeur général aimerait bien répéter le succès qu’a connu une autre de ses initiatives personnelles : le programme Tandem. Élaboré à Longueuil puis étendu à Montréal, ce programme mobilise les citoyens des différents quartiers pour trouver des stratégies afin d’améliorer la sécurité et réduire la criminalité dans leurs milieux de vie.

Et M. Marineau voit déjà grand : « Ce projet est d’abord local, d’abord provincial, mais on souhaite qu’il dépasse éventuellement les frontières du Québec. Des démarches sont en cours avec d’autres organismes. »

Zones à risque

Parmi les autres outils envisagés, Daniel Marineau évoque l’idée d’une carte des zones les plus à risque d’enlèvements. « On travaille avec une entreprise spécialisée en géomatique pour élaborer les possibilités de fuite lors d’un enlèvement d’enfant, en considérant les axes routiers. » Ceci constitue une partie d’un grand projet de recherche-action qui devrait se mettre en branle à l’automne.

« On est très ouverts à l’idée de travailler en collaboration avec les services de police, ajoute M. Marineau. Mais que la police soit partie prenante ou non au projet, ça ne nous empêchera pas de le faire. Ce sera aux citoyens de juger de sa pertinence. »

Plusieurs organismes oeuvrent déjà dans la protection de l’enfance, mais le directeur général observe que la prévention des enlèvements est un créneau inoccupé. « Il y a beaucoup d’organisations qui s’occupent des enfants disparus, des enfants à problèmes, mais très peu d’organismes qui s’occupent de prévention des enlèvements. Il faut prendre ce virage. Jusqu’à maintenant, personne n’a osé aller de l’avant avec un projet comme celui-là. »

Pour aider au lancement de ce programme et éveiller les consciences, la Fondation Cédrika Provencher proclame le 31 juillet journée mondiale de la prévention des enlèvements d’enfants. « C’est une journée pour souligner l’importance de l’implication citoyenne pour une prévention efficace », explique M. Marineau.

 

 

commentairesCommentaires

0

Pour partager votre opinion vous devez être connecté.

RECOMMANDÉS POUR VOUS


Le dossier des joueurs de Hockey Canada accusés d'agression sexuelle reprend mardi

Le dossier judiciaire des cinq anciens membres de l'équipe nationale masculine de hockey junior du Canada accusés d'agression sexuelle doit revenir devant un tribunal de London, en Ontario, mardi. Dillon Dube, Carter Hart, Michael McLeod, Cal Foote et Alex Formenton ont été accusés d'agression sexuelle plus tôt cette année en lien avec une ...

Les services de police du Québec ont remis 4000 constats d'infraction en une semaine

Les patrouilleurs des services de police du Québec ont remis 4000 constats d’infraction entre le 26 avril et le 2 mai dans le cadre d’une opération de sensibilisation au partage de la route, a annoncé la Sûreté du Québec (SQ) lundi. Ces 4000 constats ont été remis lors de plus de 1300 opérations qui ont été effectuées par des agents à travers le ...

Saison des incendies: risques accrus et peu de précipitations prévues

Les conditions météorologiques prévues pour le printemps et l’été 2024 entraînent des risques accrus d’incendies de forêt au Canada. Les tendances pour les prochaines semaines et les prochains mois montrent que les précipitations seront inférieures aux normales saisonnières, ont avisé jeudi matin des fonctionnaires du gouvernement fédéral lors ...