Finies les rumeurs et les tergiversations, la Ligue Can-Am fera son entrée au stade Fernand-Bédard de Trois-Rivières en 2013.

La nouvelle concession portera le nom des Aigles de Trois-Rivières, comme à la belle époque de la Ligue Eastern, où la formation servait de club-école aux Reds de Cincinnati.

Au centre du groupe d’actionnaires se trouve le récipiendaire du trophée Cy Young en 2003, Éric Gagné.

« J’ai toujours essayé de redonner aux jeunes. J’ai joué ici quand j’avais 14-15 ans. C’est un beau stade et c’est une belle ville. Nous sommes à côté de Québec, il y aura donc une bonne rivalité. Quand les Expos sont partis, ça a fait très mal au baseball, mais les Capitales ont aidé (à le faire revivre). On va donc faire notre petit bout de chemin à Trois-Rivières », a-t-il mentionné.

L’ancien des Dodgers de Los Angeles ne sait pas encore quel type d’implication il apportera à l’équipe. Il n’est toutefois pas hors de question qu’il effectue quelques présences au monticule.

« Je vais essayer d’aider à recruter des joueurs. Je vais peut-être lancer aussi, tout dépendant de mon corps et de ma disponibilité durant l’été. Mais je compte m’impliquer. J’ai joué au baseball pendant longtemps, mais je n’ai jamais vu les coulisses. »

Aux côtés de Gagné, le groupe d’investisseurs se compose du défenseur du Lightning de Tampa Bay Marc-André Bergeron, du président du groupe Vertdure Trois-Rivières, Emmanuel Turcotte, du vice-président de l’entreprise Coté-Réco, Michel Côté, ainsi que du commissaire de la Ligue Can-Am, Miles Wolff.

Rivalité avec Québec

Afin de diriger les Aigles dans leurs premiers pas dans la Ligue Can-Am, Jean-François Picard agira à titre de président de l’équipe. Celui-ci est déjà bien connu dans le monde sportif mauricien puisqu’il est directeur général du méga complexe qu’est le Centre sportif Alphonse-Desjardins.

« Nous désirons mettre en scène une équipe compétitive dès la première année, tout en encourageant les joueurs québécois. Une saine compétition est d’ailleurs à prévoir entre les Aigles et les Capitales de Québec au sommet du classement général », souligne celui qui a été joueur et entraîneur-chef des Aigles de la Ligue de baseball junior élite du Québec. Celui-ci n’a d’ailleurs pas manqué de rappeler qu’il avait frappé un triple contre Gagné alors qu’ils s’affrontaient dans le calibre midget.

Si une rivalité risque de naître sur le terrain entre les deux formations québécoises, l’objectif de développer le baseball dans la province risque d’unir les deux équipes pour longtemps, affirme le président des Capitales de Québec, Michel Laplante, qui était présent lors de l’événement.

« Je pense que pour les opérations baseball, éventuellement, il va y avoir un conflit sain. Chacun essayera de gagner et la lune de miel ne durera pas. Toutefois, cette coopération va perdurer du côté administratif puisque nous connaissons bien le groupe d’actionnaires. Nous allons vers le développement (d’une équipe) à Montréal et les deux groupes risquent d’y participer. »

Mise à niveau du stade

Des travaux d’une valeur de 165 000 $ devront être effectués au stade Fernand-Bédard afin de lui permettre d’accueillir du baseball de ce calibre. La surface de jeu devra être remise en état alors que les vestiaires des joueurs seront revampés. Un filet protecteur sera aussi installé. Rien de majeur selon Picard, puisque le stade Fernand-Bédard avait été entièrement rénové en 2009.

Une entente de principe de cinq ans entre les promoteurs et la Ville de Trois-Rivières a aussi été élaborée.

Par ailleurs, la venue d’une équipe de la Ligue Can-Am signifie que la formation de la Ligue de baseball senior élite du Québec, le Vertdure, devra se trouver un nouveau foyer. Un déménagement vers le parc Martin-Bergeron, dans le secteur Cap-de-la-Madeleine, semble déjà prévu.

Possible à long terme ?

Lancer une formation de la Ligue Can-Am en Mauricie ne sera pas de tout repos. Il était donc important pour le président des Aigles, Jean-François Picard, de s’entourer de personnalités du baseball trifluvien.

Ainsi, le président des Aigles de la Ligue de baseball junior élite du Québec (LBJEQ), Réal Lajoie, ainsi que le vice-président communications et marketing de l’organisation, Frédéric Lajoie, auront leur place dans le nouvel organigramme à titre de directeur du stade et de directeur des communications et marketing.

De cette façon, la concession junior élite des Aigles survivra, puisqu’elle sera chapeautée par l’équipe senior, à l’image de ce qui se fait du côté de Québec. Il s’agissait d’une priorité pour le groupe d’actionnaires, mais aussi pour la Ville.

Éviter le fiasco des Saints

Le calendrier de la Ligue Can-Am compte 100 parties, dont 50 disputées à domicile. Pour espérer atteindre la rentabilité, les nouveaux Aigles devront attirer une moyenne de 700 spectateurs par match contre les équipes américaines et de 2000 face aux Capitales. Leur budget d’exploitation sera de 1,2 million $ par année. Est-ce un objectif réaliste, lorsqu’on se souvient du fiasco des Saints de Trois-Rivières en 2003, eux qui avaient plié bagage en milieu de saison ? Pour Jean-François Picard, il faudra offrir aux amateurs un produit différent, à l’image de ce qui se fait du côté de Québec.

« Nous voulons créer un produit unique pour les habitants de Trois-Rivières et les gens de la Mauricie ainsi que développer une clientèle qui sera présente partout au Québec et au sud de la frontière. Une équipe qui sera se démarquer autant sur le terrain par son éthique de travail que dans les médias par sa présence accrue et innovatrice dans la communauté trifluvienne »

De son côté, Frédéric Lajoie semble persuadé que les partenaires que comptait déjà l’équipe de la LBJEQ sauteront à pieds joints dans l’aventure du baseball professionnel.

« Nous avions déjà une brèche d’ouverte avec les Aigles junior et la communauté. Comme nous passons au baseball junior, je crois qu’ils vont suivre. La coopération avec les Capitales de Québec nous permet d’ouvrir une autre brèche, puisque ça fait 15 ans qu’ils font ça et qu’ils vendent 500 000 $ de corporatif par année. Je pense que nous sommes dans une excellente situation. »

La venue de la Ligue Can-Am devrait créer 60 emplois. De plus, l’organisation promet de remettre une partie de ses profits au baseball mineur de la région, pas une mauvaise chose afin de développer la clientèle qui traînera les parents jusqu’au stade Fernand-Bédard.