Un programme de santé affective et sexuelle qui fait du bien

Par Audrey Clément-Robert
Plus de 1400 élèves de l’école secondaire Chavigny ont été formés par le Programme d’éducation à la santé affective et sexuelle depuis les cinq dernières années. Une initiative qui démontre un changement de comportement chez les jeunes.
L’école secondaire Chavigny est une pionnière dans la formation et l’application du Programme d’éducation à la santé affective et sexuelle (PESAS) créé conjointement avec le CSSS de Trois-Rivières. Ce programme propose un cadre de référence pour l’éducation sexuelle en matière de promotion et prévention auprès des jeunes âgés de 11 et 17 ans, qui s’appuie sur les grandes lignes ministérielles en matière d’éducation à la sexualité au Québec.
Depuis le début du projet pilote en 2010, c’est 90 intervenants des milieux de l’éducation, de la santé et du communautaire dans la région de Trois-Rivières qui ont été formés afin de donner des ateliers de réflexion sur la sexualité aux jeunes de la sixième année du primaire jusqu’à la cinquième secondaire. Une à deux rencontres par année sont offertes aux élèves de Chavigny, où trois dimensions sont abordées soit la dimension affective, physique et psycho-spirituelle.
Pour l’instant, il s’agit de la seule école à avoir implanté le programme, mais Isabelle Borduas, sexologue au Cégep de Trois-Rivières et créatrice de PESAS, espère pouvoir étendre ce programme partout au Québec.
«L’idée c’est de ramener des plages d’éducation sexuelle dans les écoles secondaires parce qu’il n’y en a plus officiellement depuis 2001. Donc ça appartient à chaque école de faire quelque chose ou non par rapport à l’éducation sexuelle et Chavigny trouvait important de faire quelque chose».
Le programme a présenté un bilan positif de la part des étudiants qui y ont participé au cours des cinq dernières années. Ces derniers se sentent plus informés et confiants de poser les questions qui les préoccupent.
«C’est certain que ça pousse les gens à réfléchir sur les comportements qu’ils adoptent et sur ce qui s’en vient dans l’avenir. Ils écoutent plus leur petite voix et on entend moins de dérapages de certaines personnes. Ce n’est plus tabou et on est capable d’aller en parler à nos amis ou nos parents. Il y a vraiment une différence et ça a apporté quelque chose de bien à l’école», explique Marie-Ève Giguère, étudiante en cinquième secondaire.
Au-delà de l’hypersexualisation
L’hypersexualisation préoccupe les intervenants du programme PESAS.
Selon les statistiques, c’est entre 11 et 14 ans que les jeunes consomment de la pornographie pour la première fois et l’âge moyen de la première relation sexuelle est de 16 ans au Canada.
Bien que la prévention des ITSS fasse partie du programme PESAS, Isabelle Borduas a cru bon de mettre l’accent d’avantage sur l’aspect affectif lors des rencontres.
«Quand la personne est aux prises avec des ITSS, c’est tout de suite la dimension physique, mais qu’est-ce qui fait que tu es pris là-dedans? C’est peut-être que tu n’as pas écouté ta dimension psychospirituelle, ou que ça ne faisait pas de sens pour toi cette relation. Tu as beau savoir qu’il faut que tu te protèges au niveau des ITSS il y a autre que chose que la connaissance de la protection qui fait que tu vas choisir un moyen de protection ou non».
Un aspect que les étudiants désirent également aborder davantage.
«C’est certain que le monde est curieux de savoir ce qui va se passer du côté sexuel, mais je crois qu’on doit aussi beaucoup aborder l’aspect affectif parce que souvent c’est oublié. Moi je pense que c’est bien de se centrer sur le côté affectif, sur ce qu’on pense et ressent parce que l’aspect sexuel est souvent déjà abordé ailleurs comme dans l’hypersexualisation ou les publicités», raconte Marie-Ève Giguère