Le témoignage à la commission Charbonneau de l'ex-ministre des Transports, Julie Boulet, est reporté

Par Agence QMI
En raison d’un «conflit d’horaires», la commission Charbonneau a annoncé qu’elle reportait le témoignage de Julie Boulet, initialement prévu mardi après-midi.
L’ex-ministre libérale des Transports devrait s’expliquer mercredi sur le processus d’octroi des contrats au MTQ et ses activités de financement politique.
L’actuelle députée de Laviolette ne fera finalement son entrée que mercredi matin devant la commission Charbonneau.
C’est Karen Duhamel, ex-ingénieure junior chez Génivar, qui a été appelée à la barre cet mardi après-midi, après le contre-interrogatoire de l’entrepreneur, Louis Marchand, propriétaire de l’entreprise en construction Maskimo.
Ce dernier a dénoncé lundi les méthodes de financement utilisées par les partis politiques provinciaux. «Ils ont le don de trouver une personne qui a un levier sur toi, alors t'embarques. Tu dis oui, et tu vas aux cocktails de financement», a-t-il expliqué.
Selon lui, toutes les formations politiques provinciales avaient recours au financement sectoriel et sollicitaient les firmes qui avaient un intérêt à donner pour avoir l’oreille attentive d’un élu ou encore se positionner sur des contrats publics.
Sans surprise, le PLQ et le PQ avaient des questions à poser au témoin mardi matin.
Louis Marchand garde son cap
Mais aucun des deux partis n’est parvenu à ébranler la crédibilité de M. Marchand qui a maintenu la totalité de son témoignage. L’entrepreneur a répondu aux questions avec franchise et fermeté.
Depuis qu'il a décidé de fermer le robinet des contributions politiques de Maskimo en 2009, il connait des difficultés à ouvrir une carrière près de La Tuque, dans la circonscription de l'ex-ministre des Transports Julie Boulet, a-t-il répété à l'avocat du PLQ, Me Félix Rhéaume.
Selon lui, le milieu politique lui mettrait volontairement des bâtons dans les roues. «Quand t'as pas la machine de ton bord, c'est plus compliqué (…). Je ne suis pas ici pour en mettre plus qu'il faut. Mais quand tu as la politique contre toi, dans ce comté-là en particulier, c'est compliqué», a-t-il insisté.
L'avocat du Parti libéral a alors insinué que Maskimo avait surtout mal géré ce projet. «Vous voulez faire passer un mauvais investissement comme la conséquence d'une commande politique», a-t-il lancé au témoin.
Mais ce dernier a immédiatement rétorqué: «Les seuls montants importants qui ont été versés jusqu'à maintenant, ce sont les frais d'avocats». Maskimo poursuit en effet le MTQ pour plus de 8 millions $ dans ce dossier.
Pauline Marois à la trappe
De son côté, l’avocate du PQ, Me Estelle Tremblay, n’est pas revenue sur le cocktail de financement auquel Louis Marchand aurait participé en 2008-2009, en présence de Pauline Marois.
Selon le témoin, le controversé homme d’affaires Normand Trudel l’aurait appelé pour participer à cet évènement. Une quinzaine d’entrepreneurs et d’ingénieurs étaient présents, aux côtés de Mme Marois, qui était à l’époque chef de l’opposition officielle, a-t-il rapporté.
Financement populaire: un mythe
Lundi, Louis Marchand a par ailleurs souligné que les sommes que doivent récolter les députés et les ministres pour contribuer au financement de leur parti sont considérables. «Tout part du fait qu'ils ont trop de pression pour ramasser des fonds, les montants sont trop élevés.»
Ils sollicitent alors les firmes qui ont un intérêt à se rapprocher des politiciens pour atteindre leurs objectifs. «La fameuse loi de M. Lévesque sur le financement populaire, c'est un mythe. C'est le plus grand drame d'hypocrisie au Québec», a dit M. Marchand.
«T’étais mieux de financer»
«T'étais mieux de financer pour ne pas avoir de problèmes», a-t-il également affirmé. Lorsqu’il a décidé de mettre un terme à cette pratique en 2009, il affirme en avoir subi les conséquences: plus de communications avec le MTQ et plus de contrats tarifés (donnés à une compagnie désignée sans appel d’offre) pour Maskimo, alors que ses concurrents en recevaient encore.
Il s’est plaint auprès de la ministre des Transports de l’époque, Julie Boulet, qui n’a jamais donné suite, a-t-il déclaré hier.
Cette dernière aurait en revanche appelé l’entrepreneur en 2004 pour lui faire part de sa déception après que Louis Marchand ait refusé de participer à l’un de ses cocktails de financement, à Shawinigan.
Julie Boulet fuit les journalistes
Mme Boulet est arrivée dans les locaux de la commission Charbonneau mais n’a pas souhaité passer devant les journalistes, contrairement à la plupart des témoins.
Elle devait amorcer son témoignage une fois que l’avocat du Procureur général du Québec devait avoir terminé de contre-interroger à son tour Louis Marchand, mais cela a été reporté à mercredi.