Déception et craintes de la part des citoyens

Par Matthieu Max-Gessler
La première partie des audiences publiques sur l’environnement sur l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste a pris fin le 17 avril, à Saint-Hyacinthe. Malgré le nombre important d’études scientifiques présentées et d’experts sur place, l’exercice semble avoir inquiété davantage les groupes de citoyens qu’il ne les a rassurés.
Les consultations avaient lieu à Saint-Hyacinthe, Bécancour et Saint-Agapit. Même si ces audiences se sont étalées sur 11 jours, Marc Brullemans, coordonnateur pour la Rive-Nord du Regroupement interrégional des gaz de schiste de la Vallée du Saint-Laurent (RIGSVSL), considère que les citoyens n’ont pas eu tout le temps nécessaire pour poser des questions après la présentation des études. Il craint aussi que ces audiences n’aient été que de la poudre aux yeux.
«Ça a commencé en pleine campagne électorale et à peu près personne n’en a parlé. J’ai l’impression que c’était une façon d’éviter que la question des gaz de schiste ne vienne perturber le résultat des élections», soupçonne le militant.
M. Brullemans estime d’ailleurs que peu de réponses ont été apportées au courant des audiences publiques.
«Le nombre de puits au Québec n’est pas clair, même le commissaire l’a reconnu. Par ailleurs, des intervenants parlaient du moratoire en place, mais il n’y en a pas, ce que le commissaire a aussi confirmé», ajoute-t-il.
«Une tentative d’écoblanchissement»?
Le militant craint que le principal objectif des consultations ne soit de faire accepter l’exploitation du gaz de schiste.
«Est-ce que c’est un instrument pour rendre publics les moyens de mitigation et signifier que le processus d’acceptabilité sociale était lancé? C’est peut-être une tentative d’écoblanchiment», lance-t-il.
Sophie-Anne Legendre, analyste à l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), abonde dans le même sens.
«On a vraiment l’impression que les dés sont pipés. C’est un sentiment qui persiste et qui est partagé par bien des citoyens qui étaient présents», affirme-t-elle.
La population n’est plus au rendez-vous
Si les groupes d’opposition au gaz de schiste sont mieux organisés aujourd’hui, ils n’ont plus derrière eux les nombres qu’ils avaient il y a quatre ans, au plus fort de la contestation.
«Les militants sont aussi nombreux, mais on n’a plus la masse de citoyens derrière nous. Les gens sont contre le gaz de schiste, mais beaucoup pensent que c’est réglé. Il faut qu’ils s’informent sur la filière, car les gazières sont plus proches que jamais», prévient M. Brullemans.
La seconde partie des audiences publiques commencera en juin. Les citoyens, organismes et intervenants pourront y présenter un mémoire et commenter le sujet. La date limite pour le dépôt d’un mémoire au Bureau des audiences publiques sur l’environnement est le 29 mai.