L'oie blanche: majestueuse, mais ravageuse

Par Matthieu Max-Gessler
Si les oies blanches font le bonheur des touristes qui passent au Centre-du-Québec à ce temps de l’année, les producteurs agricoles les portent moins dans leur cœur. Il faut dire que ces oiseaux leur coûtent plusieurs centaines de milliers de dollars par année.
Au printemps 2013, la Financière agricole du Centre-du-Québec a reçu 56 avis de dommages de la part d’agriculteurs et a versé à ces derniers 370 500$ en indemnités. Les responsables de ce vandalisme: l’oie blanche (ou oie des neiges) et sa cousine la bernache du Canada.
«Elles vont dans les prairies, et elles mangent les plantes fourragères. Le problème, c’est qu’elles ne mangent pas que ce qui est en surface, elles mangent aussi la base des plantes», explique Yann Bourassa, responsable de l’aménagement régional et environnement à l’Union des producteurs agricoles (UPA) du Centre-du-Québec.
Les dégâts sont pires lorsqu’un printemps hâtif permet aux agriculteurs de semer avant l’arrivée des oies.
«Même si la graine est enterrée, l’oie est capable de la détecter et de la déterrer», ajoute M. Bourassa.
Des effaroucheurs professionnels
Depuis une dizaine d’années, l’UPA offre aux producteurs agricoles du Centre-du-Québec les services d’effaroucheurs. Chaque printemps, pendant quatre semaines, une équipe de six personnes sillonne le territoire du Centre-du-Québec à la recherche d’oies à faire déguerpir.
«Ils n’ont pas le droit de chasser ni de blesser les oies et ils ne peuvent pas aller dans les terres, à moins qu’un producteur ne le lui ait demandé. Ils ont un pistolet bruyant, comme celui utilisé pour le départ des courses, et ils tirent en l’air avec différents types de cartouches pour faire fuir les oies», décrit M. Bourassa.
La cohabitation reste possible
La Financière agricole du Québec offre un dédommagement aux agriculteurs qui font les frais de la voracité de l’oie blanche. Il s’agit d’un partenariat avec le gouvernement fédéral, qui veille à la protection de l’oiseau migrateur. Cette entente a permis de rembourser près de 3 M$ aux producteurs agricoles québécois l’an dernier.
Puisque ce problème revient inévitablement chaque année, tant la Financière que les agriculteurs touchés ont appris à vivre avec.
«Ça ne met pas en danger l’agriculture du Centre-du-Québec, mais c’est sûr que ça cause des dommages», concède Annie Lafrance, directrice territoriale pour la Financière agricole – Centre-du-Québec.
La population reste stable
Après avoir doublé entre 1993 et 2006, la population d’oies blanches se maintient à près d’un million d’individus. Cette croissance pousse inévitablement l’espèce à s’avancer davantage dans les terres du Centre-du-Québec.
«Elles se sont déplacées. Dans la MRC d’Arthabaska, il y en a moins qu’ailleurs, mais il reste qu’il n’y en avait pas il y a quelques années», indique Yann Bourassa.
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