Un projet gouvernemental fait fuir les investisseurs

Par Michel Morin - Bureau d'enquête - Journal de Montréal
Rien ne va plus pour RER- Hydro, l’entreprise choisie par le gouvernement Marois en novembre dernier pour devenir un « leader mondial » dans le développement des hydroliennes.
RER-Hydro a annoncé en novembre 2013 en grande pompe son implantation à Bécancour, compensant ainsi la fermeture de la centrale Gentilly-2, mais depuis, l’usine attend des fonds pour fonctionner. Pour le moment, une seule hydrolienne a été immergée à Montréal, près du pont de la Concorde.
Selon les informations obtenues par le Bureau d’enquête du Journal de Montréal, les investisseurs privés qui devaient investir environ 10 millions de dollars dans l’entreprise de Montréal se font toujours attendre, malgré l’importance des aides gouvernementales.
«Les discussions sont plus élaborées que prévu » , confirme le porte- parole de RER-Hydro, Claude-Éric Gagné.
La contribution de ces investisseurs annoncée pour le 28 février dernier constituait une condition essentielle pour Investissement Québec afin de débloquer un montant de 25 millions $ sous forme de prêts, de participation et d’équité.
« L’entente n’est pas signée et nous sommes toujours en attente d’un décret gouvernemental, a déclaré la porte-parole d’Investissement Québec, Chantale Corbeil. Ils n’ont pas trouvé d’investisseurs.»
Rappelons que c’est le gouvernement Marois qui avait forcé Investissement Québec à s’impliquer dans ce dossier.
Les 25 millions $ d’Investissement Québec, soit la moitié du projet de 51 millions $, n’étaient pas dédiés uniquement à la mise sur pied d’une chaîne d’assemblage et à la fabrication des six hydroliennes. Ils devaient également permettre de rembourser 9 millions $ de comptes impayés aux fournisseurs et de payer les actionnaires de RWS-RER qui détenaient initialement les brevets pour la fabrication des hydroliennes.
« PAYÉ À L’AVANCE »
C’est d’ailleurs avec le soutien et la «patience» des fournisseurs que RER-Hydro a pu assembler deux hydroliennes dont l’une a été immergée à Montréal près du pont de la Concorde.
«Désormais, je ne participerai plus à aucun projet mis de l’avant par RER-Hydro à moins d’être payé à l’avance » , tranche Pierre Bouchard, PDG de STAS, une compagnie de Saguenay, leader dans le domaine des produits d’aluminium. RER-Hydro lui devrait 400 000 $.
«Nous avions une entente écrite et nous devions être payés à la fin janvier», affirme pour sa part Patrick Pellerin, le PDG de la compagnie Marmen à Trois-Rivières.
C’est en vain que nous avons tenté d’obtenir, depuis plus d’une semaine, une entrevue avec le président de RER-Hydro, Imad Hamad.
Sans donner de noms, le porte- parole Claude- Éric Gagné assure « que plusieurs anciens comptes ont commencé à être remboursés».
SUBVENTIONS
RER-Hydro a fait l’objet de plus de 40 millions $ d’annonces en aide gouvernementale, tant du gouvernement provincial, d’Hydro-Québec que du gouvernement fédéral.
Le projet annoncé en novembre prévoyait même une phase finale de l’ordre de plus de 130 millions $, dont 60 % en subventions gouvernementales.
Dans un échange de courriels, RER- Hydro affirme que l’assemblage de six nouvelles hydroliennes « est prévu en juin 2014» et que l’entente globale, impliquant le gouvernement, les investisseurs, les fournisseurs et les actionnaires de RSW-RER, «devrait être conclue d’ici le début de l’été 2014».