Pas si simple de magasiner ses médicaments

Par Claudia Berthiaume
Les médicaments d’ordonnance ne se magasinent pas comme les produits alimentaires, à l’aide de circulaires et d’étiquettes sur les tablettes. Il est parfois difficile de connaître le prix d’une prescription, qui peut varier passablement d’une pharmacie à l’autre. L’Écho et TVA Nouvelles se sont prêtés au jeu.
Nous avons d’abord appelé dans sept pharmacies trifluviennes de bannières distinctes pour demander le prix d’un médicament relativement courant: la pilule contraceptive Alesse, en boîte de 28 comprimés.
Force est de constater qu’il peut parfois être difficile d’obtenir une soumission pour un médicament au téléphone. Il nous a fallu insister à plusieurs reprises.
Ce constat n’étonne pas le vice-président et directeur général de l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP). «Beaucoup de pharmaciens sont mal à l’aise de donner des prix au téléphone parce que, souvent, les gens ne savent pas très bien lire les ordonnances. Ça peut créer des arguments à la pharmacie par la suite», explique Normand Cadieux.
La seule autre façon de vérifier les prix est donc de se rendre directement en succursale.
En termes de dollars
Pourtant, la différence pourrait bien surprendre le consommateur. Le prix de l’anovulant Alesse variait entre 15 $ et 22 $, selon la succursale.
Nous avons tenté l’expérience de nouveau, avec l’antidépresseur Effexor. Cette fois, nous avons contacté quatre pharmacies réparties aux quatre coins de la Mauricie. L’écart est moins grand dans ce cas-ci, les prix variant entre 69 $ et 72 $ pour 30 comprimés de 75 mg.
Il demeure néanmoins que ces quelques dollars peuvent représenter une belle somme à la fin de l’année, surtout pour quelqu’un qui doit se procurer plusieurs médicaments chaque mois. Évidemment, cette différence de prix ne s’applique que dans le cas où le client bénéficie d’une assurance privée (voir texte ci-contre).
Le pharmacien ou la pharmacie?
Selon l’AQPP, il est toutefois préférable de magasiner un pharmacien plutôt qu’une pharmacie. «Le conseil que j’ai l’habitude de donner, c’est de ne pas choisir les prix, mais de choisir son professionnel de la santé en fonction de différents paramètres comme les services offerts, votre relation avec lui, la proximité et finalement les prix», suggère M. Cadieux.
C’est un avis que partage Mathieu Houle-Laporte. «En tant que pharmaciens propriétaires, on est d’abord des professionnels de la santé. Honnêtement, la première chose qui me passe par l’esprit quand je vois une prescription, ce n’est pas de savoir si telle pharmacie va être plus chère ou moins chère que la mienne. Ma principale considération, c’est de savoir si le médicament convient à la personne, s’il est bien dosé, sécuritaire et efficace pour le client», détaille le pharmacien trifluvien.
Les assureurs s’en mêlent
Avec le vieillissement de la population, certaines compagnies d’assurances ont décidé de prendre des mesures pour limiter leurs coûts. Dernièrement, un assureur privé a avisé Mathieu Houle-Laporte qu’il y allait dorénavant avoir un honoraire maximum qui serait remboursé sur certains médicaments.
«Les contrôles exercés par les assureurs sont de plus en plus nombreux. Ils ont tendance à vouloir plafonner les réclamations», convient le v-p exécutif et dg de l’AQPP.
En fin de compte, ce sont toujours les consommateurs qui paient.