Un dernier hommage touchant pour les victimes du triple meurtre

Par Camille Laurin-Desjardins, Journal de Montréal, en collaboration avec Claudia Berthiaume
Célébrer la vie. Tel était le ton donné dans la Cathédrale de Trois-Rivières pleine à craquer, jeudi, à l’occasion de la cérémonie pour rendre un dernier hommage aux trois jeunes victimes du triple meurtre survenu la semaine dernière.
«Roxanne, je te disais souvent que tu avais trop d'amis», a imagé une de ses bonnes amies, en montrant les 1500 personnes entassées dans l'église, en entamant son vibrant témoignage.
Nombreux étaient ceux qui voulaient honorer Roxanne Boisvert, 22 ans, Raphaëlle Boisvert, 17 ans, et Jessy Chevalier, 17 ans, partis d'une manière tragique. Des dizaines de personnes, qui n’ont pas pu entrer dans l’église de la paroisse Immaculée Conception, ont également attendu dehors.
La cérémonie s’est déroulée devant la plus grande attention du public, alternant des témoignages touchants des proches, de la musique et des interventions de l’abbé célébrant, François Doucet, qui parlait de «trois anges, trois amours».
Portraits touchants
Le père de Jessy, Robert Chevalier, a décrit son fils comme un garçon passionné.
«Jessy avait deux amours dans la vie : la musique et Raphaëlle», a-t-il dit, ému.
Cette dernière a été décrite comme le clown de son groupe d'amies, selon une copine qui est venue lire le mot qu'elle lui avait écrit à l'automne pour leur album de finissants.
«Combien de fois tu nous as fait rire aux larmes? Sans toi, nous n'aurions jamais eu autant de fous rires pendant ces cinq années», a énoncé courageusement la jeune femme, pour qui ces mots prenaient un tout nouveau sens.
Roxanne Boisvert a été dépeinte comme une jeune femme toujours prête à aider les autres, et dévouée pour sa «famille» d'ergothérapie, le programme dans lequel elle étudiait à l'Université du Québec à Trois-Rivières. Des dizaines de personnes arboraient d'ailleurs la casquette orange fluo, aux couleurs de son programme, ou encore un carré orange agraffé sur la poitrine.
Une chauve-souris a survolé l’église pendant presque toute la cérémonie, causant bien des sourires et des réflexions.
«J’ai eu la chance de connaître Roxanne, et c’était un être qui faisait jaillir la lumière des gens, même chez les créatures qui préfèrent l’obscurité», a expliqué avec le sourire l’abbé Doucet.
Offrandes
«Jessy, Raphie et Roxy, nous ne vous oublierons jamais», a lancé le père des deux sœurs, Michel Boisvert, après avoir lu L’ombre des anges, un poème d’Isaac Lerutan.
Des amis sont également venus déposer un objet sur l'autel pour symboliser chacune des trois victimes. Les amis de Jessy ont offert sa guitare électrique, tandis que des jeunes amies de Raphaëlle ont déposé un masque de théâtre encadré, pour symboliser sa passion pour les arts de la scène. Des amis de Roxanne ont déposé une casquette orange.
Ce qu’ils ont dit :
« Pour donner un sens à ça, on est partis de ce qui est simple, de la nature. Raphaëlle, c’est la fille qui plante des arbres, la planète c’est bien important pour elle. Roxanne, c’est une boule d’énergie et j’ai parlé de particules de lumière pour les étudiants qui portaient des casquettes orange. » -L’abbé François Doucet, célébrant
« Je sympathise beaucoup avec la famille. C’est terrible, ça pogne au cœur de voir les photos des jeunes, les fleurs et d’entendre la musique. C’est incompréhensible » - Une résidante de Trois-Rivières
« C’est une tragédie. Ça va nous prendre du temps à nous en remettre » - Une amie des victimes
« Ça nous permet aussi de réaliser qu’elle n’est vraiment plus là. Je pense que ça va aider. J’ai hâte que tout ça soit fini » - Une amie de Raphaëlle
« Elle était tellement enthousiaste. Tu la voyais une heure et c’était ta meilleure amie. » - Une amie de Roxanne
« C’étaient vraiment des gens qui s’impliquaient dans leur milieu et qui étaient bons. C’est normal qu’il y ait autant de monde aujourd’hui. » - Une amie des victimes
« Michel (Boisvert), c’est un bon ami à moi depuis plusieurs années. C’est quelqu’un d’impliqué dans la collectivité, comme ses enfants l’étaient aussi » - Yves Lévesque, maire de Trois-Rivières