Soupir de soulagement des cégeps

Par Matthieu Max-Gessler
C’est avec soulagement que les cégeps de la Mauricie et du Centre-du-Québec ont appris que le baccalauréat ne sera pas obligatoire pour être infirmière, suite au rapport du groupe de travail présidé par le docteur Pierre Durand.
L’annonce du ministre de la Santé, Réjean Hébert, soit qu’il n’est pas nécessaire d’éliminer la technique collégiale, a réjoui le Cégep de Trois-Rivières, qui s'inquiétait pour l'avenir de ses étudiantes.
«On a plus de 300 personnes en formation. Ça aurait eu un impact sur ces étudiantes, mais aussi sur celles qu’on a déjà formées au fil des années, des gens qui auraient peut-être vu leur droit de pratique remis en question. On se réjouit de la décision du comité», indique Denis Rousseau, directeur des études.
Au Cégep de Drummondville, qui dispense également la formation, l’imposition d’un baccalauréat aurait carrément été désastreuse.
«S’il avait fallu que la formation collégiale disparaisse, ça aurait été désastreux pour nous, mais aussi pour la profession. Les infirmières qui proviennent des cégeps font un excellent travail, comme en font foi les commentaires positifs qu’on reçoit des employeurs», insiste Brigite Bourdages, directrice générale.
Bonne nouvelle pour les régions éloignées
Au Collège Shawinigan, on croit qu’il s’agit d’une bonne nouvelle, non seulement pour les cégeps, mais pour tout le Québec, en particulier dans les régions éloignées.
«À La Tuque, les étudiantes peuvent recevoir leur formation sur place, elles n’ont pas à se déplacer à Shawinigan ou à Trois-Rivières. Elles peuvent aussi rester sur place pour travailler là d’où elles viennent. C’est un plus pour ces régions un peu plus éloignées», affirme Sylvie Lesieur, directrice des études.
Cette dernière rappelle d’ailleurs que selon un sondage mené par la Fédération des cégeps du Québec en février 2013, une étudiante sur deux aurait changé de choix de carrière si elle avait été forcée de faire un baccalauréat.
Essentielles, les infirmières sur le plancher
Le Syndicat des infirmières, inhalothérapeutes, infirmières auxiliaires du Cœur-du-Québec (SIIIACQ), accueille lui aussi favorablement cette nouvelle. Selon sa présidente, Andrée Guillemette, il est essentiel de permettre aux futures infirmières de choisir entre le cégep et l’université.
«Il va toujours y avoir besoin d’infirmières sur le plancher et c’est-ce que font les techniciennes, plus que les bachelières», affirme-t-elle.
Selon elle, l’issue de ce débat aurait pu chambarder toute l’organisation du milieu de la santé.
«Si le baccalauréat était devenu une obligation, il y aurait eu deux ans sans personnel sur le plancher. Ça aurait été très problématique», prévient-elle.
Le groupe de travail présidé par le Dr. Durand se penchait sur une proposition de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec datant de juin 2012. Cette dernière a d’ailleurs déploré les conclusions du comité.