Les urgences pour seule clinique

Par Matthieu Max-Gessler
Même si la situation s’améliore, le quart de la population de la Mauricie et du Centre-du-Québec n’a toujours pas de médecin de famille. Une réalité qui peut causer bien des maux de tête… en particulier quand on a des enfants.
10 ans après son arrivée dans la région, Doris Gauthier n’a toujours pas de médecin de famille. Lorsqu’un membre de sa famille est malade, la mère de trois enfants n’a pas le choix: elle doit se rendre aux urgences.
«Chaque fois que j’ai voulu être suivie par un médecin, j’ai dû aller faire la file à l’urgence. J’ai aussi appelé des fois au 811, mais au final, je n’ai pas eu le choix que de me rendre à l’hôpital et d’attendre», déplore-t-elle.
Depuis plusieurs années, il existe une liste d’attente pour les personnes sans médecin de famille. Toutefois, les délais sont très longs.
«Mon conjoint avait un médecin de famille qui a pris sa retraite et il a dû s’inscrire sur la liste, explique Mme Gauthier. Ça doit faire quasiment un an et il n’a pas encore de nouvelles.»
La situation s’améliore
130 000 personnes sont dans la même situation que Doris Gauthier, soit 26% de la population de la région. Il s’agit tout de même d’une belle avancée, selon Kim Skorupski, conseillère aux affaires médicales à l’Agence de la santé et des services sociaux de la Mauricie et du Centre-du-Québec.
«Le nombre de personnes inscrites dans un groupe de médecine familiale (GMF) est passé de 205 000 en 2009 à plus de 308 000 en septembre 2013. C’est une augmentation de 50%, seulement dans les GMF», insiste-t-elle.
Toutefois, ll manque encore l’équivalent de 87 médecins travaillant à temps plein pour combler les besoins alors que la région n’a pu en recruter que 23 cette année, puisque le nombre de nouveaux médecins est réparti entre les régions du Québec.
Une clientèle «oubliée»
Le Dr Pierre Martin, président de l’Association des médecins omnipraticiens de la Mauricie, est pour sa part confiant que la situation va se régler sous peu.
«On est toujours en ajout net de médecins année après année. On a bon espoir que sur un horizon de cinq ans, le gros de la pénurie d’effectifs médicaux et d’offre de services va être passablement réglé», croit-il.
Une solution pourrait même voir le jour pour Doris Gauthier et ceux qui, comme elle, doivent se rendre à l’urgence pour une simple consultation.
«On est à imaginer des unités d’accès populationnel pour permettre à ces gens-là d’avoir une autre place que les salles d’urgence pour des problèmes de santé mineurs», annonce-t-il.