À la recherche de «Grands frères»

Par Matthieu Max-Gessler
Depuis cinq ans, les Grands Frères et Grandes Sœurs de Trois-Rivières permettent à des jeunes de six à seize ans d’avoir un modèle adulte avec qui jouer, parler et créer un lien de confiance. Un organisme de jumelage qui a fait ses preuves, mais qui doit faire face à plusieurs défis, dont le recrutement de «Grands frères».
Voilà plus d’un an que William, 15 ans, a un Grand frère, Joseph. Le jeune homme de 30 ans, qui travaille au Salon de jeu de Trois-Rivières, a choisi cet engagement parce qu’il aime se sentir utile.
«J’ai toujours aimé partager temps et connaissances avec autrui, indique-t-il. C’était une façon de le faire dans un cadre où il y a un réel besoin.»
Les comparses font ensemble toute une panoplie d’activités. Entre billard, quilles, cinéma et jeux vidéo, les temps morts sont rares.
«Je lui demande ce qu’il fait au travail et comment s’est passée sa journée. Il est amusant, j’ai toujours hâte de le revoir et de faire des activités avec lui», s’exclame William.
Grands frères recherchés
Si les avantages d’avoir un Grand frère ou une Grande sœur ne sont plus à prouver, il reste que l’organisme manque d’hommes pour faire du jumelage. Une pénurie qui est due notamment aux craintes de la gent masculine.
«Ils ont surtout peur d’être accusés d’abus sexuels, déplore Annie Lamothe, directrice générale des Grands Frères et Grandes Sœurs de Trois-Rivières. Mais il faut comprendre que les jeunes qui demandent un Grand frère ne sont pas des délinquants. Sachant que ça peut prendre neuf mois avant qu’on leur trouve quelqu’un, ils ne vont pas aller raconter n’importe quoi et risquer de le perdre.»
Une vingtaine d’enfants sont présentement en attente de jumelage. Ce délai est toutefois dû au processus de jumelage, qui tient compte des intérêts des demandeurs et des bénévoles.
Une sélection sévère
Des craintes, les parents qui inscrivent leur enfant en ont aussi.
«C’est sûr que la première fois que Joseph est venu chercher William, j’avais hâte qu’il revienne, s’exclame Caroline. Mais j’ai appris à le connaître et je ne suis plus inquiète. On est choyés de l’avoir!»
Ne devient pas Grand frère ou grande sœur qui veut: les volontaires doivent se soumettre à un processus de sélection rigoureux. L’organisme vérifie s’ils ont un casier judiciaire, vérifie leur désir de s’engager et les forme.
«On va voir chez eux et on parle à leurs proches, ajoute Mme Lamothe. Le processus peut prendre jusqu’à deux mois. Après, on est prêts à jumeler.»