Danielle Saint-Amand envoie «chier» la ministre Martine Ouellet

Par Jean-Luc Lavallée
Les esprits se sont échauffés, hier, lors d’une séance de travail privée entre parlementaires sur la centrale nucléaire Gentilly-2. La députée libérale Danielle St-Amand a envoyé «chier» la ministre Martine Ouellet.
«Les fils se sont touchés», a-t-on convenu dans les rangs libéraux. En plus de lui dire «va donc chier», la députée de Trois-Rivières, farouche partisane de la réfection de la centrale nucléaire, a aussi qualifié la ministre de «crisse de folle», ont confirmé plusieurs sources.
Mme Ouellet a préféré s’abstenir de commenter les injures dont elle a été victime, passant en coup de vent devant les journalistes dans les corridors du parlement à Québec. «Pas de commentaire», a-t-elle simplement lâché.
Les députés péquistes Noëlla Champagne et Luc Trudel se sont portés à sa défense. Ils ont vivement condamné ces propos «inacceptables» et «franchement grossiers» jeudi matin, lors d’un point de presse improvisé à l’Assemblée nationale, refusant toutefois de les répéter eux-mêmes.
«Je ne les répéterai pas parce que c’était en séance de travail. Ce n’était pas enregistré. Suite à ça, l’atmosphère s’est détériorée, la tension (était) incroyable. En huit ans de parlementarisme, je n’ai pas vécu ça…», a déclaré la députée Noëlla Champagne.
Dans les circonstances, Mme Champagne et son collègue Luc Trudel, qui siègent tous deux à la Commission de l’agriculture, des pêcheries et des ressources naturelles (CAPERN), ont décidé de mettre fin aux discussions avec les partis d’opposition sur Gentilly-2.
Conséquence : il n’y aura pas de rapport faisant la synthèse des deux jours d’audition de la commission parlementaire portant sur les impacts du déclassement de la centrale Gentilly-2 et le plan de diversification économique. Encore moins de recommandations.
«Nous avons senti qu’on n’arriverait pas à quelque chose de positif. Ça ne donne rien de présenter un rapport où il y a ce déchirement-là. Ça devenait impossible à faire», a indiqué Mme Champagne.
Réaction des libéraux
Tout en reconnaissant les écarts de langage de Mme St-Amand, une farouche partisane de la réfection de la centrale nucléaire, les libéraux ont dénoncé l’«attitude» de la ministre des Ressources naturelles qui «tentait de diriger les travaux de la commission», a riposté l’attaché de presse de l’aile parlementaire libérale, Charles Robert.
«Il peut arriver que les échanges soient musclés sur des enjeux émotifs. Certes, les paroles étaient dures… Ces échanges-là, bien qu’ils ne soient pas souhaitables, peuvent survenir dans des séances de travail. Quand il est devenu évident pour la députée que la ministre ne souhaitait avoir de recommandations, la députée de Trois-Rivières s’est malheureusement emportée».
«Le PQ ne cherchait qu’un prétexte pour mettre fin aux séances de travail et c’est le seul qu’ils ont trouvé. Les acrimonies personnelles ne devraient pas porter préjudice à la bonne tenue des travaux», a-t-il renchéri. Noëlla Champagne s’est défendue d’utiliser un quelconque «prétexte» pour mettre fin aux échanges.
Des excuses réclamées
Le député caquiste de Nicolet-Bécancour Donald Martel, qui a été témoin de la scène hier, a dénoncé à son tour ces propos «totalement inacceptables», invitant Danielle St-Amand à présenter ses excuses. Il faut savoir se contrôler, a-t-il dit, même quand «ça devient émotif».
«On assiste encore à une chicane entre les deux vieux partis et ça se fait au détriment des gens de mon comté qui attendaient le rapport de la Commission avec beaucoup d’intérêt. Moi, je souhaite que le gouvernement accepte les excuses de la députée, revienne sur sa décision et qu’on complète le travail qu’on avait commencé».
Le député de la CAQ a même suggéré l’exclusion de la députée de Trois-Rivières, si nécessaire, pour pouvoir reprendre les discussions.
Aux dernières nouvelles, les stratèges libéraux n’avaient pas prévu faire réagir Mme St-Amand sur la place publique aujourd’hui.
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