Pyrrhotite: rêve brisé pour un jeune couple

Par Guillaume Jacob
C’est une histoire qui a des airs de déjà-vu à Trois-Rivières. Un jeune couple dans la vingtaine a vu son rêve tourner au cauchemar lorsqu’il a appris que les fondations de sa propriété étaient minées par la pyrrhotite.
Dany Bouchard et Sabryna Durand réalisent un rêve lorsqu’en octobre 2009, ils deviennent propriétaires d’une résidence de type jumelée à Trois-Rivières. Mais les jeunes parents déchantent lorsque leur voisin les informe que les fondations, communes aux deux propriétés, sont gangrénées par la pyrrhotite.
Ce fléau, qui afflige plus d’un millier de résidences dans la région, fait se fissurer et s’effriter le béton.
Les nouveaux propriétaires formulent alors une demande au plan de garantie qui couvre les défauts de construction de la maison. À leur grand désarroi, ils apprennent alors que l’échéance de la garantie est expirée. C’est l’histoire qu’ils ont racontée lors d’un point de presse organisé par la Coalition Proprio-béton le 8 février dernier.
« Ça gâche un début de vie, soupire Dany Bouchard. J’ai vraiment de la misère à dormir depuis quelques mois. »
Il évalue à 100 000 $ les coûts de réfection du solage de leur résidence. Et bien sûr, la valeur de la maison a chuté. « En ce moment, notre hypothèque équivaut à trois fois la valeur de la propriété », indique le jeune père de famille.
« Vendre à perte, impossible », ajoute-t-il. Et la faillite? « On ne voudrait vraiment pas en arriver là », sanglote sa conjointe, Sabryna Durand. Au cours des derniers mois, le couple a entrepris des recours judiciaires. Et les deux amoureux s’accrochent à l’espoir que leur témoignage pourra entraîner des mesures d’exception de la part de leur plan de garantie.
« La seule chose qu’on devrait pouvoir apprécier en ce moment, c’est notre bébé », regrette Mme Durand. « Ce qu’on a acheté, ce n’est pas une maison, c’est une prison », résume M. Boucher.
La situation dans laquelle se retrouvent Dany Boucher et Sabryna Durand montre l’intransigeance dont font preuve les plans de garantie devant les cas de pyrrhotite, soutient la Coalition Proprio-béton.
Le plan de garantie savait
« Nous voyons ici un cas où le plan de garantie a dévié de sa mission qui est de protéger les gens qui achètent des maisons neuves », a dit d’emblée le porte-parole de la Coalition Proprio-béton, Yvon Boivin.
Il faut savoir que le propriétaire de l’autre partie de la maison de type jumelé avait découvert le problème de pyrrhotite. Il avait formulé une demande d’indemnisation au plan de garantie dans les délais prévus. Or, il avait omis d’en aviser son voisin de l’époque, de qui M. Boucher et Mme Durand ont acheté l’autre partie de la maison de type jumelé.
Ce qui fait sortir Yvon Boivin de ses gonds, c’est que la Garantie des maisons neuves (le plan de garantie dans ce cas-ci) savait qu’il s’agissait d’une maison de type jumelé. « Si la Garantie des maisons neuves avait assumé sa pleine responsabilité de protection des consommateurs, elle aurait alors avisé le deuxième propriétaire », s’insurge M. Boivin.
Le voisin du jeune couple a reçu une indemnisation qui couvre seulement la moitié des coûts. Au désarroi des jeunes parents, il refuse de contribuer à la réfection des fondations. « Il n’a pas l’obligation légale de rénover après avoir obtenu dédommagement », souligne Yvon Boivin.
Bien entendu, le jeune couple ne peut pas non plus procéder à la réfection de sa moitié de solage uniquement. « Cela créé de la zizanie entre les voisins », déplore le porte-parole
La GMN dit suivre les règles
Confronté au cas du couple Boucher-Durand, le directeur général de la Garantie des maisons neuves, Ronald Ouimet, souligne que le plan de garantie est soumis à des « règles strictes » qui ont force de loi.
« L’engagement de la Garantie des maisons neuves est très clair dès le départ : pour les bâtiments jumelés, il y a deux bénéficiaires de garantie, alors les propriétaires doivent dénoncer chacun de leur côté », rappelle-t-il.
Et ce, même si les tests de carottage pour détecter la présence de pyrrhotite sont effectués des deux côtés du bâtiment.
« Si la GMN s’écarte de ces lois, elle ne pourra pas exercer de recours au bénéfice des acheteurs de maisons neuves », soutient M. Ouimet. Donc, même si le plan de garantie sait pertinemment qu’un signalement est rattaché à une résidence de type jumelée, elle ne peut prendre l’initiative d’aviser le deuxième propriétaire.
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