« Dans son cas, sûrement que j’aurais agi de la même façon »

Par Joany Dufresne
Ginette Leblanc n’a pas été surprise d’apprendre que David Audesse a reçu de l’aide pour mettre fin à ses jours en février 2011. Atteinte de la sclérose latérale amyotrophique, elle avoue qu’elle aurait fait de même si ce n’était de l’illégalité du geste et de sa fille.
« Je comprends la situation du jeune homme parce que dans son cas, j’aurais sûrement agi de la même façon. Mais de façon illégale, ça m’agace un peu. Moi, je ne change pas d’idée, c’est ma décision. Pour ce qui est de cet homme, c’était autre chose et j’ai tout mon respect pour ça », confie celle qui réclame le droit à l’euthanasie.
Un long processus
Mme Leblanc n’est pas étonnée que certaines personnes malades choisissent l’option du suicide. En attente d’un passage devant le tribunal en mars, elle sait que le processus est très long.
« Sur le plan judiciaire, c’est un sujet tabou et très long à débattre. Je m’en rends compte, car je le vis. Je suis patiente parce que j’y crois encore », ajoute-t-elle.
L’état de santé de Mme Leblanc l’inquiète. Elle a des problèmes respiratoires et son cœur peut céder à tout moment. Le long délai judiciaire l’effraie, car elle pourrait mourir avant qu’une décision soit prise.
« C’est un dossier qui va tomber si je viens qu’à mourir avant que ça soit décidé. Ça prendrait une autre personne qui me remplacerait pour continuer, dit-elle. C’est un risque à prendre et je n’ai rien à perdre. »
Une lutte par amour
Mme Leblanc ne regrette rien du processus amorcé il y a maintenant deux ans. Elle admet qu’elle aurait agi différemment si ce n’était de sa fille et de la promesse qu’elle lui a fait. Plusieurs personnes l’ont informée par le passé sur les moyens de se suicider par l’absorption de substances quelconques. Elle s’est toutefois détournée de ces options par amour pour sa fille.
« C’était important pour elle que je ne me suicide jamais à son insu. Je lui ai promis que je ne le ferais jamais, sauf que je lui ai dit que j’allais entreprendre des démarches pour ce qui est de l’euthanasie avec de l’aide médicale et de façon légale », précise-t-elle.
Épuisée par les souffrances physiques et psychologiques, Mme Leblanc rêve de cette piqûre qui la délivrerait. Elle aimerait qu’une fois pour toutes le suicide assisté soit légal pour elle et pour toutes les autres personnes souffrantes.
« Si Maître Duval croit fermement pouvoir continuer cette cause pour que ça devienne légal au Canada, ça serait la plus belle chose qui pourrait arriver pour tout le monde », conclut-elle.