L'autoroute 55, la dangereuse

Par Nicolas Ducharme
Depuis sa conception, l’autoroute 55 entre Sainte-Eulalie et Saint-Célestin continue de faire jaser. Une artère d’une telle importance devrait-elle être à deux ou quatre voies ? Plusieurs ne cessent d’espérer que oui.
Lorsque la partie sud de l’autoroute 55, entre Drummondville et Sherbrooke, a été doublée en 2006, plusieurs automobilistes ont poussé un soupir de soulagement. Pendant ce temps, sa jumelle au nord continue d’attendre.
Pourtant, les deux tronçons accueillent quotidiennement un débit de véhicules relativement similaire, passant de 7900 à 9600 automobiles selon l’endroit, avec une pointe de 22 000 à la hauteur du boulevard des Acadiens, à Bécancour. En Estrie, entre 8900 et 11 200 engins empruntent l’autoroute 55, à quatre voies, avec une pointe de 24 000 à l’entrée de Sherbrooke.
Au fil des ans, le ministère des Transports du Québec (MTQ) a considéré cette option et réalisé des études sur la question. La plus récente, datant du 11 avril 2011, devait être rendue publique l’automne suivant. Rien depuis.
« Nous avons reçu les résultats et nous l’avons analysé. Mais présentement, nous nous concentrons sur ce qui doit être fait à brève échéance, soit le pont d’étagement du boulevard des Acadiens », explique Jean Lamarche, porte-parole du MTQ.
La construction de ce pont d’étagement pourrait être la première pièce du casse-tête visant au parachèvement de l’autoroute 55. C’est du moins ce qu’espère l’ancien maire de Bécancour et président-directeur général de la Société du parc industriel et portuaire de la même ville.
« Ça va obliger le gouvernement à compléter cette section. C’est un premier geste que d’avoir ce viaduc. Les terrains sont achetés et tout est fait en conséquence. »
Effectivement, les ponts d’étagements déjà existants ont été prévus pour accueillir deux voies supplémentaires.
M. Lamarche se montre toutefois plus prudent quant à cette éventualité. Selon lui, ajouter deux voies au tronçon n’a rien de simple, puisqu’il faudrait construire trois nouveaux viaducs, en plus d’asphalter 24 km de route. Des coûts énormes lorsqu’on constate que le pont d’étagement en construction est évalué à 37,5 millions $.
Les décès s’additionnent
Alors que le gouvernement hésite à aller de l’avant avec de projet, l’autoroute 55, dans sa portion à deux voies, continue de faire des victimes. Sept personnes ont perdu la vie lors de collision frontale dans les deux dernières années.
Pourtant, certains dispositifs de sécurité ont été aménagés dans les dernières années, comme la mise en place de bandes rugueuses au centre des deux voies et l’ajout de panneaux clignotants avertissant de la venue de circulation à contre-sens.
Au MTQ, impossible de savoir si ces mesures ont porté leurs fruits, celles-ci étant trop récentes.
Ras-le-bol local
Pour les intervenants locaux, la dangerosité du tronçon ne fait pas de doute, et on réclame un changement.
« Même s’il y a eu ajout de bandes rugueuses, ça reste une autoroute très dangereuse. Plusieurs automobilistes continuent d’emprunter les routes 161 et l’ancienne 155. C’est souvent des gens de Montréal ou Québec qui l’utilisent, ce qui peut causer davantage d’accidents », souligne la mairesse de Bécancour, Gaétanne Désilets.
Pour le président de la Chambre de commerce du Cœur du Québec, Jean-Denis Girard, l’exemple le plus notable de l’importance de doubler le tronçon se trouve à quelques kilomètres au nord, le pont Laviolette.
« Depuis qu’on a procédé à l’installation d’un mur, il n’y a plus d’accidents et ça va très bien. Les gens sont moins inquiets de le traverser. »
Celui-ci affirme même que l’aménagement de deux voies supplémentaire pourrait être un catalyseur économique pour la région.
« Avec le doublement, nous aurions un accès direct à l’autoroute 20. C’est un argument pour attirer des entreprises et leur donner le goût de s’établir chez nous. Mais avec les autoroutes 30 et 55 à contresens, ça ne nous aide pas. »
À la suite de l’accident qui a coûté la vie à deux étudiants de l’UQTR au printemps 2011, une pétition avait été lancée sur internet, demandant que le gouvernement agisse. Celle-ci, toujours active, a récolté quelque 442 signatures. Tristement, ce sont les décès passés et ceux à venir qui risquent de faire avancer ce dossier.
« Ce sont les accidents qui font agir, surtout s’ils sont majeurs. C’est malheureux, mais c’est ce qui fait avancer ce dossier », déplore M. Richard.
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