Le gouvernement péquiste maintiendra le moratoire

Par Louise Grégoire-Racicot
Tout porte à croire que le moratoire complet de cinq ans sur la pêche à la perchaude, imposé par le ministre libéral Serge Simard en mai dernier, aux pêcheurs sportifs et commerciaux du lac Saint-Pierre, sera maintenu par le gouvernement péquiste.
C’est du moins ce qu’a affirmé la nouvelle ministre déléguée à la Politique industrielle et députée de Richelieu, Élaine Zakaïb.
«Le maintien de ce moratoire est essentiel au renouvellement des stocks de perchaudes dans le lac Saint-Pierre, stocks dont les scientifiques constatent qu’ils sont en baisse constante. Il faut maintenir ce moratoire si l’on veut conserver la ressource. Les pêcheurs ne seront pas plus contents si dans cinq ans, il n’y a plus de perchaude du tout.»
L’ancien ministre Simard avait laissé entendre l’été dernier qu’on pourrait peut-être lever le moratoire pour l’hiver, afin de permettre la pêche blanche, une activité économique importante dans la région du lac Saint-Pierre. Cette décision de maintenir le moratoire complet n’a pas été confirmé par le nouveau ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation François Gendron.
Le député caquiste de Nicolet-Bécancour, Donald Martel, ne s’étonne guère de cette décision. «Il faut savoir qu’on est en présence d’un gouvernement dogmatique. Il ne démontre, jusqu’à maintenant, aucune sensibilité dans tous les dossiers qui touchent le développement économique. Moi j’aurais préféré qu’on lève le moratoire le temps de peaufiner toutes les études sur la question, car cette décision pénalise certainement tout un secteur économique», a-t-il dit.
Ce moratoire avait soulevé l’ire des pêcheurs commerciaux et sportifs de la région qui affirmaient notamment que la perchaude ne disparaît pas, mais fraie plutôt ailleurs dans le fleuve, en raison notamment des basses eaux dont le fleuve est affligé depuis quelques années.
Peu d’espoir
Quant à Stéphane Morin, président de l’Aire faunique communautaire du lac Saint-Pierre, ce maintien du moratoire ne le surprend guère.
«J’ai perdu espoir dès que le gouvernement a changé. J’ai logé des appels à divers ministères, mais je n’ai reçu aucun retour d’appel. Ils sont trop occupés à autre chose pour tenir compte des pêcheurs sportifs, et ce, même si on a l’appui des grandes fédérations de sportifs. Tout notre travail pour réintroduire la pêche hivernale est à recommencer.»
Il ne baisse pas les bras cependant. «Car une pêche partielle de quatre tonnes de perchaude, l’hiver, ne changera pas grand-chose aux stocks totaux. L’été, que les pêcheurs ne puissent attraper la perchaude, c’est acceptable, car il y a plusieurs autres espèces à pêcher. Mais l’hiver, c’est limité: on prend soit du doré (le matin et le soir), soit du brochet ou de la perchaude, le jour.»