On se prépare au pire

Par Éric Yvan Lemay / Agence QMI
Hydro-Québec a dépensé des centaines de milliers de dollars, au cours des dernières années pour distribuer des comprimés d’iode à utiliser en cas d’incident nucléaire à la centrale Gentilly 2.
L’achat des comprimés pour la dernière distribution effectuée durant l’hiver, a coûté pas moins de 95 800 $ selon les données obtenues en vertu de la Loi d’accès à l’information. À ce montant, il faut ajouter environ 20 000 $ en courrier recommandé.
Les comprimés d’iode sont distribués aux gens qui habitent à huit kilomètres ou moins de la centrale. Depuis 2003, il y a eu trois distributions puisque les comprimés sont périssables. Ils doivent servir uniquement si un incident nucléaire se produisait. Les gens exposés au nuage radioactif verraient ainsi diminuer leurs risques de développer certains cancers, particulièrement de la thyroïde.
Hydro paye
Selon l’Agence de la santé de la Mauricie et du Centre-du-Québec, la campagne de distribution et d’information a coûté environ 230 000 $ entre 2007 et 2012. Pour les cinq années précédentes, on avait évalué les coûts à 250 000 $. « Ça fait partie du plan de mesures d’urgence. Les coûts sont assumés par Hydro-Québec », indique la porte-parole de l’Agence, Caroline Paquin.
Au cours des derniers mois, on a ainsi distribué 4 032 bouteilles de 14 comprimés dans les résidences de Champlain, l’agglomération de Gentilly et dans le secteur Ste-Marthe-du-Cap à Trois-Rivières. Un autre lot de 288 bouteilles contenant 100 comprimés ont été distribués dans les commerces et autres endroits publics. Chaque bouteille de 14 doses a été payée 20 $, alors que celles de 100 doses ont coûté 35 $.
Distribution trop limitée ?
Pour Michel Duguay du mouvement Sortons le Québec du nucléaire, il ne fait pas de doute que les comprimés ont leur utilité.
Il se questionnait toutefois sur les risques que les gens courent à cause de la présence de la centrale nucléaire sur les rives du Saint-Laurent. « Il y a maintenant un consensus qu’un accident du genre de Fukushima (au Japon au lendemain du tsunami) peut arriver au Canada », soutient-il.
Pour lui, la limite établie à huit kilomètres est loin d’être assez grande. « Ce n’est pas suffisant. Il faudrait couvrir toute la ville de Trois-Rivières. Il ne faut pas oublier que le vent transporte ça. En mars, à Champlain, on a lancé trois ballons. En trois heures, il y en a un qui avait franchi la frontière du Maine », illustre-t-il.
Des coûts qui s’accumulent
Ces coûts viennent s’ajouter aux coûts d’entretien de la centrale nucléaire. Lors de l’étude des crédits du ministère des Ressources naturelles, le président-directeur général d’Hydro-Québec, Thierry Vandal, a indiqué que la réfection de la centrale avait déjà coûté 850 millions $.
Plus tôt cette semaine, le nouveau gouvernement du Parti québécois, avec à sa tête Pauline Marois, a annoncé son intention de fermer la centrale Gentilly 2.
► Entre les années 80 et 2003, les comprimés étaient conservés dans les municipalités et ne devaient être distribués qu’en cas d’accident radiologique.
Avec la collaboration de notre recherchiste à Québec, Serge Laplante