Un trou financier à prévoir
Par Olivier Bourque - Argent
La première ministre Pauline Marois a demandé à Hydro-Québec de produire un rapport détaillant les coûts de la fermeture de Gentilly-2. En attendant, si on se fie aux chiffres de la société d'État, le déclassement de la centrale risque de faire mal aux finances d'Hydro et de la province.
Selon le rapport annuel de 2011, Hydro-Québec avait mis de côté 409 millions $ de provisions en vue de la réfection de la centrale. Mais selon leur évaluation, il en coûterait 951 millions $ pour démanteler Gentilly-2 et 624 millions $ pour évacuer du combustible.
À cela, il faut ajouter 320 millions $ d'obligations financières à payer en cas de fermeture pour un total de 1,9 milliard $. Si on exclut la provision, c'est tout près de 1,5 milliard $ que la société d'État devra payer et inscrire comme provision lors de la prochaine année fiscale.
« Lorsque la dépense est autorisée, on doit l'inscrire automatiquement dans les livres. Cela fera assurément mal à Hydro-Québec et au gouvernement », a estimé Claude Garcia, administrateur de sociétés et observateur de la société d'État.
C'est donc que le gouvernement du Québec devra vraisemblablement se priver d'une partie du généreux dividende que lui verse Hydro-Québec chaque année. L'an passé, la société d'État avait versé 2 milliards $ à Québec.
Un autre rapport
Chez Hydro-Québec, on ne souhaite pas commenter l'impact financier du déclassement avant de produire le rapport.
« On met à jour l'impact, les coûts associés à une fermeture. On y travaille actuellement. On ne peut donc commenter davantage le dossier », a indiqué Marie-Élaine Deveault, porte-parole chez Hydro-Québec.
Questionnée sur l'impact financier du déclassement, la nouvelle ministre des Ressources naturelles Martine Ouellet a estimé qu'on doit aller de l'avant.
« Oui effectivement (c'est un montant important), mais lorsqu'on décide de faire un déclassement que ce soit aujourd'hui ou dans 25 ans, ce serait le même résultat », a souligné Mme Ouellet.
Pas dramatique, selon un expert
Pour Claude Garcia toutefois, il ne faut paniquer avec cette situation.
« On reconnaît donc un passif qu'on a déjà. C'est cela la réalité. Il ne faut pas dramatiser, car on l'avait déjà, c'est seulement qu'on ne l'avait pas reconnu auparavant », a-t-il ajouté.
M. Garcia, qui est un critique féroce de la société d'État (il souhaite notamment la privatisation d'Hydro-Québec), a applaudi la décision du Parti québécois de fermer la centrale. « On voit avec ce qui se passe avec Pointe-Lepreau qui est la centrale jumelle de Gentilly-2. Les coûts augmentent constamment et les travaux de réfection ne sont pas encore terminés », a-t-il expliqué.
Ces coûts reliés au déclassement de la centrale s'ajoutent donc à ceux qui ont déjà été engrangés par Hydro-Québec. Toujours selon le rapport annuel de 2011, 852 millions $ ont déjà été dépensés en planification, en équipement en vue de la réfection de Gentilly-2.
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