Première trifluvienne

Par Guillaume Jacob
Les citoyens qui vivent aux alentours de la centrale nucléaire Gentilly-2 sont plus sujets à développer des problèmes de santé comme la leucémie. C’est à tout le moins la sonnette d’alarme que tire le documentaire Gentilly or not to be présenté en grande première le 10 septembre à Trois-Rivières.
Les documentaristes Guylaine Maroist et Éric Ruel ont planché pendant quatre ans sur ce film-choc. Depuis 2008, ils ont traîné leur caméra de l’Allemagne au Royaume-Uni, en passant par Bécancour, pour aborder la question des risques que les centrales nucléaires font peser sur la santé.
Comme principal argument, le documentaire met de l’avant une étude épidémiologique allemande menée sur les populations vivant à proximité de centrales nucléaires, et dont les résultats ont été rendus publics en 2007.
Cette étude démontre que la prévalence de la leucémie augmente à mesure que le milieu de vie s’approche d’une centrale. C’est d’ailleurs sur la base de ces résultats que le gouvernement allemand a pris la décision de sortir du nucléaire, explique le ministre allemand de l’Environnement et de la Sécurité nucléaire de l’époque au micro des documentaristes.
Le lien entre les cas de leucémie et les radiations résiduelles des centrales est toutefois mis en doute, notamment par le directeur régional de la santé publique de la Mauricie et du Centre-du-Québec, le Dr Gilles W Grenier, interviewé dans le documentaire. L’avis d’Hydro-Québec n’a pas été demandé, du fait que l’angle du documentaire était la santé avant tout, un domaine hors de l’expertise de la société d’État, a expliqué Guylaine Maroist, co-réalistatrice.
Le film suit ensuite le combat des militants du Mouvement sortons le Québec du nucléaire qui militent pour le déclassement de Gentilly-2. Le physicien Michel Duguay, le Dr. Éric Notenbaert et le physicien Gordon Edwards sont du nombre. C’est d’ailleurs en lisant sur les cris d’alarme lancés par ces intervenants que les deux réalisateurs ont décidé de plancher sur le sujet à partir de 2008. « Ce sont des gens extrêmement crédibles et on doit leur prêter attention », a tenu à souligner Mme Maroist.
Une première à quelques km de Gentilly-2
Presque toutes les quelque 450 places du Théâtre du Cégep de Trois-Rivières étaient comblées pour la première du documentaire, le 10 septembre.
« Pour nous c’était vraiment essentiel d’être dans la région ce soir, parce que ça concerne d’abord les gens d’ici, a souligné la co-réalisatrice Guylaine Maroist. On sait que ce n’est pas une question facile. Ça peut être difficile d’accepter les constats que certaines personnes font à l’endroit de la centrale nucléaire. »
Et même si le Parti québécois, qui promettait le déclassement, a pris le pouvoir aux dernières élections, l’avenir de la centrale demeure un enjeu crucial, croit la documentariste. « Je ne vois pas encore de décision formelle, d’annonce du déclassement. »