Un troisième voyage en Pennsylvanie

Par Guillaume Jacob
Quels seraient les impacts de l’exploitation des gaz de schiste sur la santé des résidants de la Vallée-du-Saint-Laurent ? C’est pour trouver réponse à cette question qu’une cinquantaine de militants, citoyens et scientifiques prennent la route de la Pennsylvanie, vendredi.
Il s’agit du troisième voyage du genre organisé par le Regroupement interrégional sur les gaz de schiste de la Vallée-du-Saint-Laurent dans cet État américain où les puits de gaz de schiste pullulent. Le premier visait à prendre connaissance des enjeux généraux et le second, des impacts de l’exploitation sur l’agriculture.
« D’un voyage à l’autre, il y a des choses qui nous sautent aux yeux. Cette fois-ci, on se penche sur la santé et les bouleversements sociaux », explique Pierre Bluteau, coordonnateur pour le Regroupement et organisateur du voyage.
« On veut évaluer à combien pourraient s’élever les coûts pour notre système de santé des problèmes causés par l’exploitation des gaz de schiste, ajoute M. Bluteau. Aux États-Unis, les cas d’asthme, de cancer et de maladie cardiaque augmentent. Avec les statistiques relevées là-bas, on serait peut-être en mesure d’évaluer l’impact au Québec. »
Certains établissements de santé de Pennsylvanie ont déjà commencé à colliger des données sur le phénomène, rapporte le coordonnateur.
« Souvent, les gens sont aux prises avec des problèmes d’intoxication sévère dûs à l’eau qu’ils boivent. Le problème, c’est qu’ils ne peuvent pas identifier exactement quelle est la cause des maux. Les compagnies ne dévoilent pas la nature des produits chimiques utilisés pour la fracturation. »
Intervenants de la santé absents
Le voyage se déroulera dans la même région que les précédents, soit dans trois comtés du nord-est de la Pennsylvanie, avec un arrêt à l’Université Cornell dans l’État de New York, qui « regroupe plusieurs spécialistes de la question », indique M. Bluteau.
« J’aurais aimé avoir plus de participants du milieu de la santé du Québec, confesse l’organisateur. On a écrit à toutes les Agences de santé, à toutes les directions de santé publique. On n’a pas eu de réponse de leur part, ce qui est dommage, car je crois que c’est un dossier qui mérite d’être documenté. »
Bien que les travaux de l’Étude environnementale stratégique (ESS) soient toujours en cours, M. Bluteau se dit toujours préoccupé par la question des gaz de schiste. « On a offert aux gens de l’ESS de nous accompagner, mais ils prévoient déjà un voyage en Pennsylvanie pour l’automne. On leur a suggéré des gens à aller voir là-bas. »
Invités français
Une délégation française de 20 personnes sera aussi du voyage. Elle sera composée de citoyens, de neuf élus de communes ainsi que de scientifiques, dont le réputé chimiste André Picot, « maintes fois cité dans le rapport du BAPE », souligne M. Bluteau, ainsi que l’hydrogéologue Séverin Pistre de l’Université de Montpellier.
La fracturation est interdite pour le moment en France, rappelle Pierre Bluteau, mais le débat sur l’exploitation des gaz de schiste est encore à l’ordre du jour. « Il n’y a rien de réglé en France actuellement. Les entreprises revendiquent toujours, la porte n’est pas complètement fermée à l’exploitation. »