Même les détenus ont voté

Par Nicolas Ducharme
Les différents partis politiques ont tenté par tous les moyens possibles de faire sortir le vote lors de la dernière campagne électorale. Une portion de la population a toutefois été oubliée dans leurs efforts : les prisonniers.
Comme tous les citoyens de la province, les prisonniers ont le droit de voter, en autant qu’ils respectent les qualités d’électeur, soit d’être âgé de 18 ans et plus, de détenir la citoyenneté canadienne et d’être domicilié au Québec depuis six mois. Bien évidemment, le processus pour effectuer son choix électoral est bien différent. Pas question de faire sortir les détenus de derrière les barreaux. C’est en prison que se fait le vote.
Et la mesure est populaire. Lors de l’avant-dernière élection provinciale, en 2008, 2265 prisonniers avaient fait leur devoir de citoyen, soit 50,5 % de la population carcérale du Québec. Pas mauvais lorsqu’on considère que le taux de participation à ce scrutin a été de 57,3 % au niveau provincial.
Ce n’est toutefois pas le DGE qui est responsable du vote dans les institutions correctionnelles. Il est confié aux administrateurs de l’établissement en question.
Trois-Rivières
Au Centre de détention de Trois-Rivières, le scrutin s’est effectué le 28 août. Les 118 détenus devaient préalablement faire la demande pour être inscrits sur la liste électorale. Le taux de participation y a été de 33 %.
« Les modalités du vote, tel que l’endroit où les personnes incarcérées votent, par exemple, en cellule, dans un bureau d’intervenant ou dans une salle commune, varient d’un établissement de détention à l’autre. Il peut même y avoir une différence d’un secteur de vie à l’autre dans un même établissement de détention. Nous tenons compte du régime de vie qui s’applique », explique Patrick Soucy, agent de communication au ministère de la Sécurité publique.
Tous ces votes n’iront toutefois pas aux députés de la circonscription dans laquelle la prison est située. Chacun des détenus vote dans le comté où son adresse permanente était située avant que celui-ci soit emprisonné. Dans le cas d’une personne itinérante, sont vote ira alors au candidat de son choix dans Trois-Rivières.
Documentation
Comment les prisonniers peuvent-ils faire un choix éclairé selon leur convictions alors qu’ils sont enfermés entre quatre murs ? Sachez qu’ils ont accès aux mêmes médias que l’électeur normal, mis à part internet.
« Tout prisonnier a accès à la télévision, à la radio et aux journaux dans son secteur respectif. Les personnes incarcérées inscrites sur la liste électorale reçoivent également du DGE le programme électoral de chaque parti politique », mentionne M. Soucy.
Souverainiste les prisonniers ?
Si on se fie aux résultats des deux derniers référendums, il semblerait que l’option souverainiste est très populaire derrière les barreaux. En 1980, le oui l’avait emporté par une marge de 78,9 % alors qu’en 1995, c’est 72,1 % des prisonniers qui ont voté en faveur de la séparation du Québec.