Une subvention pour l’Ontario et les États-Unis ?

Par Olivier Bourque / Agence QMI
La majeure partie de l’équipement des ex-travailleurs d’Aveos acheté avec l’aide d’une subvention de Québec par l’entreprise trifluvienne Premier Aviation prendra vraisemblablement le chemin de l’Ontario et des États-Unis, ont affirmé trois sources proches du dossier à la chaine Argent.
Il y a quelques semaines, Premier Aviation avait reçu une aide du gouvernement de 1,5 million $ (500 000 $ en subvention et 1 million $ en prêts du Fonds du développement économique administré par Investissement Québec), une annonce qui avait été effectuée en grande pompe par la ministre de l’Emploi et de Solidarité sociale et responsable de la Mauricie Julie Boulet.
Lors de l’annonce, Québec avait indiqué que cette participation allait permettre de créer 140 emplois à Trois-Rivières.
Or, selon des sources consultées, les dirigeants souhaitaient faire autre chose avec l’argent de Québec. Le lendemain, lors d’une réunion avec les employés, un cadre de l’entreprise a dit que « 85 % de l’équipement s’en va à Windsor ». Selon une autre source, une grande partie des outils prendrait le chemin de Rome dans l’État de New York où l’entreprise a aussi une usine.
Peu d’impact
Trois-Rivières aura finalement peu d’impact pour le moment. Un total de trois camions sur une cinquantaine sont venus dans la ville de la Mauricie, selon des sources. Essentiellement, il s’agit d’équipement spécialisé pour effectuer la maintenance des Embraer qui sera faite à Trois-Rivières.
La maintenance des Airbus 319, 320 et 321 sera effectuée à Rome. Il s’agit d’avions qui nécessitent davantage d’employés en raison de la grandeur des appareils.
À Windsor, en Ontario, l’usine de 15 000 pieds carrés devrait ouvrir en septembre prochain et n’avait aucun équipement. Les outils des ex-travailleurs d’Aveos seront donc nécessaires là-bas. On devrait effectuer la maintenance des Boeing 767 en Ontario.
« Ils ne vont pas créer davantage d’emplois à Trois-Rivières, les jobs ont déjà été créés en janvier dernier. De toute façon, il n’y a plus de place dans les hangars », selon ce que nous a dit une source bien informée.
Premier Aviation nie
Joint par Argent, Premier Aviation a confirmé l’achat de trois lots d’équipement provenant de Winnipeg et Montréal. Toutefois, on nie que les 10 000 items achetés iront ailleurs qu’au Québec.
« La grande majorité de l’équipement viendra à Trois-Rivières. Une partie des escabeaux va peut-être aller vers Windsor… mais rien d’autre. Toute la maintenance des Embraer se fera ici », nous a dit lors d’une première entrevue le directeur de la maintenance Stéphane Rochette.
Puis appelé à réagir à de nouvelles informations, il a souligné qu’environ cinq camions s’étaient déjà rendus à Trois-Rivières jusqu’ici et qu’il en attendait encore avant de nous raccrocher au nez et sans jamais nous rappeler.
L’achat d’équipement doit servir au Québec
Questionné au sujet du contrat avec Premier Aviation, Investissement Québec a affirmé qu’il y a plusieurs conditions rattachées à l’octroi d’une subvention et d’un prêt.
« Il doit y avoir de la création d’emplois et l’entreprise doit maintenir ses activités commerciales au Québec liées à l’acquisition des actifs d’Aveos », a souligné la porte-parole Célina Machado.
Argent avait rapporté au printemps que plusieurs emplois seront créés à Windsor avec la fermeture d’Aveos qui a entrainé la perte de 1800 emplois uniquement dans la métropole.
D’ailleurs, Windsor en Ontario est en train de devenir un pôle en aéronautique au niveau national. Même si c’est Montréal qui est la zone désignée en la matière (comme la région de Toronto a la mainmise sur la voiture), le gouvernement fédéral a octroyé une aide de 2,1 millions $ la semaine dernière à des entreprises évoluant dans ce secteur.