Les commerces traînent de la patte

Par Guillaume Jacob
Seuils de porte trop élevés, places de stationnement trop éloignées ou toilettes adaptées, mais mal indiquées : autant de petits accrocs qui rendent la vie plus difficile aux personnes à mobilité réduite dans les commerces.
À Trois-Rivières, des pas de géants ont été faits dans les édifices et les espaces publics, et c’est maintenant le secteur privé qui traîne un peu de la patte, témoigne François Dubois, président de Bail-Mauricie.
Pourtant, les constructeurs doivent se conformer depuis 1976 aux dispositions du Code du bâtiment qui prévoient des installations adaptées pour les personnes à mobilité réduite.
Mais comme l’explique M. Dubois, ces normes ne sont pas toujours respectées. « Les entrepreneurs et les architectes connaissent ces normes, mais ils ne les appliquent pas toujours, peut-être pour des considérations de coûts », remarque le président de Bail-Mauricie, un organisme qui promeut l’installation de commodités pour personnes handicapées.
Chaque année, l’organisme chapeaute un mini rallye en fauteuil roulant au centre-ville qui offre l’occasion aux décideurs de se glisser dans la peau d’une personne à mobilité réduite. Malgré les invitations, peu d’architectes ou d’entrepreneurs étaient de la partie dans les dernières années.
Sans vouloir cibler de commerces en particulier M. Dubois remarque qu’il n’est pas rare de voir de nouvelles bâtisses construites ou rénovées à grands frais offrir de piètres installations aux personnes à mobilité réduite. Une situation frustrante, pour M. Dubois, qui en vient presque à se demander si on ne fait pas exprès pour décourager ce type de clientèle.
« L’accessibilité universelle, c’est aussi de permettre aux personnes à mobilité réduite d’entrer dans les commerces au même endroit que les autres clients », indique Justine Beaudry, évaluatrice pour Bail-Mauricie.
Bonne volonté
Dans la grande majorité des cas, les commerçants sont pleins de bonne volonté, mais ne pensent pas toujours aux nombreux détails, que ce soit le degré d’inclinaison des rampes d’accès, la lourdeur des portes, la taille des cabinets de toilette ou le type de lavabo. C’est pourquoi l’organisme Bail-Mauricie se fait un plaisir de les épauler lorsqu’ils en font la demande.
La Ville de Trois-Rivières y met aussi du sien. Un nouveau programme de subvention aux commerçants du centre-ville doté d’une enveloppe de 35 000 $ a vu le jour cette année pour les aider à mieux adapter leurs commerces en défrayant jusqu’à 50% des coûts. « Il est tellement populaire que les coffres sont déjà vides », rapporte M. Dubois, qui espère que le programme sera reconduit l’an prochain.