Les pêcheurs du Lac St-Pierre passent à l’attaque

Par Jean-Philippe Morin
Plus de 80 pêcheurs, tant commerciaux et sportifs, se sont réunis à Pierreville mardi soir afin de décrier à haute voix les analyses du ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) sur la décision d’y implanter un moratoire de cinq ans pour la pêche à la perchaude dans le Lac St-Pierre.
Le comité d’administration de l’Association des pêcheurs du Lac St-Pierre ainsi formé, les membres peuvent maintenant aller au front contre le ministère. En une semaine, 516 membres ont déjà acheté la carte au coût de deux dollars. En tout, ce sont 2 000 cartes qui ont été imprimées, et le président Jean Lévesque prévoit d’autres copies.
«On vise 5 000 membres dans le meilleur des mondes. Toute la population autour du Lac St-Pierre peut y adhérer, de Sorel à Bécancour, et de Lavaltrie à Trois-Rivières. Avec un grand nombre de membres, on aura un poids face au gouvernement», affirme avec véhémence M. Lévesque, après la rencontre avec les membres mercredi soir.
Le but de cette sortie est de faire réaliser au ministère qu’il a fait une erreur en instaurant ce moratoire, croit-il. Surtout au point de vue de l’impact socio-économique.
«Je crois qu’ils [les biologistes qui ont recommandé le moratoire] n’ont pas examiné le dossier d’un point de vue socio-économique. Des pêcheurs commerciaux vont fermer leur magasin et d’autres pêcheurs sportifs vont tout simplement arrêter de pêcher», a souligné M. Lévesque aux quelque 80 pêcheurs dans la salle.
Pénurie de perchaudes ?
Plusieurs pêcheurs d’expérience dans la salle ont déploré la décision du gouvernement. Un intervenant est venu parler au micro et a affirmé pouvoir attraper plusieurs perchaudes en une heure.
Le président de l’Association, Jean Lévesque, en rajoute. «Nous voulons dire au ministère qu’il a manqué l’opportunité d’aller voir les gens qui vivent autour du Lac St-Pierre. Il y en a ici qui pêchent sur ce lac depuis 20, 30, même 40 ans. Ces personnes ont vu la migration des perchaudes, ont assisté aux changements climatiques. Il suffit de savoir où pêcher!»
«Il y a plus de 1 000 ans d’expérience de pêche dans la salle ici, a renchéri Marcel Bouchard, le trésorier, au micro. Moi-même, ça fait plus de 40 ans que je pêche dans le Lac St-Pierre. Des biologistes arrivent et nous disent qu’il n’y a plus de poissons? Pourquoi ne l’ont-ils pas demandé aux pêcheurs? Ils n’ont pas la science infuse parce qu’ils sont biologistes.»
Plan d’action
Les 22 et 23 mai prochains, des membres de l’Association des pêcheurs du Lac St-Pierre assisteront à deux rencontres respectives à Baie-du-Febvre et à Louiseville. Des membres du ministère et de l’Aire faunique communautaire du Lac St-Pierre seront présents.
«Nous allons écouter les membres du ministère attentivement, sans rien brusquer. Puis quand on aura le droit de parole, on parlera. On leur dira qu’on n’est pas d’accord avec leurs conclusions et qu’il y a d’autres moyens que d’enrayer la pêche à la perchaude comme solution. Peut-être qu’il y a moins de perchaudes qu’auparavant, mais une solution aussi drastique que d’enrayer la pêche est inacceptable», explique M. Lévesque.
«Il faut se battre. On ne peut peut-être pas porter de carré rouge comme les étudiants, mais on peut porter des petits poissons», conclut M. Lévesque, sourire en coin.
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