À quand les bacs bruns en Mauricie?

Par Guillaume Jacob
Plusieurs questions séparent les Mauriciens du jour où ils devront trier leurs résidus entre le recyclage, les déchets et les matières putrescibles.
Usine de biométhanisation ou site de compostage ? Collecte à trois voies ou tri au site de réception des matières résiduelles ? Voilà quelques-unes des questions auxquelles doit encore répondre la Régie de gestion des matières résiduelles de la Mauricie.
Une chose est sûre, les résidus compostables ne pourront plus être enfouis à compter de 2020, en vertu des règles du ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP). « C’est la question du jour », admet le président de la Régie de gestion des matières résiduelles de la Mauricie (RGMRM), Pierre Bouchard. « Nous sommes à étudier plusieurs scénarios. »
Déjà, les citoyens de plusieurs villes telles que Gatineau (2010), Lévis (2011), Sherbrooke (2007), Magog (2012) et Victoriaville (1998) ont recours au « bac brun » pour se débarrasser de leurs déchets de tables, feuilles mortes et résidus de gazon, entre autres. En 2010, c’était 5 % des ménages québécois qui bénéficiaient de ce service, selon le MDDEP.
Plusieurs villes entrent maintenant dans le bal. En septembre dernier, 11 des 17 régions du Québec avaient soumis un total de 28 projets au MDDEP, qui allouera 650 millions $ d’ici l’automne 2013 pour aider à la construction d’usines de biométhanisation ou de sites de compostage.
La Mauricie pourra-t-elle déposer un projet à temps ? « On est très actifs dans ce dossier-là, assure M. Bouchard. Mais on veut être certain de ce qu’on va faire. On parle avec d’autres municipalités qui ont testé la biométhanisation et le compostage. »
La Mauricie est l’une des seules régions, avec l’Abitibi-Témiscamingue et le Nord du Québec, qui ne comptent aucune installation active de compostage, selon un document synthèse du ministère.
Une étude est en cours de réalisation pour évaluer l’ensemble de la biomasse valorisable dans la région. « Tout dépendant des types de déchets, le compostage ou la biométhanisation sera plus approprié. Il faut savoir qu’on ne doit pas seulement tenir compte des déchets de table des citoyens, mais aussi des résidus des commerces et de certaines usines. »
Les résultats de cette étude, réalisée par le Centre national en électrochimie et en technologies environnementales de Shawinigan, devraient être connus cet été. Un éventuel projet d’usine pourrait être inscrit dans le plan triennal d’immobilisation de la RGMRM, qui sera déposé en septembre prochain, « si on est assez avancé », indique le président, M. Bouchard.
La biométhanisation
Si le gouvernement du Québec insiste tant pour bannir les matières putrescibles des sites d’enfouissement, c’est qu’elles sont la cinquième plus importante source de gaz à effet de serre de la province. C’est qu’en se décomposant dans le sol, en absence d’oxygène, ces matières produisent du méthane, un gaz à effet de serre encore plus puissant que le dioxyde de carbone.
Les usines de biométhanisation consistent donc à reproduire, en quelque sorte, ce processus de décomposition en absence d’oxygène en milieu contrôlé. Au final, elles permettent donc du méthane, qui peut être utilisé à des fins énergétiques et du digestat, qui peut ensuite être composté.
En bref:
- En 2008, les résidus alimentaires et les résidus verts représentaient près de la moitié des déchets générés par les ménages québécois, avec une moyenne de 184 kg par année.
- Les résidus alimentaires représentent 65% du poids des déchets éliminés par les restaurants et les épiceries.
- Les Pays-Bas, l’Allemagne, l’Autriche, la Suède, le Massachusetts et la Nouvelle-Écosse (depuis 1997!) ont aussi adopté des lois pour bannir les matières organiques de l’enfouissement, en totalité ou en partie.
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